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GHEZ H. AGASSE, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

RUE DES POITEVINS, N°. 18.

AN VII.

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Il faut avant tout distinguer trois époques dans la comédie grecque. La premiere, qui se rapprochait beaucoup de l'origine du spectacle dramatique, en avait conservé et même outré la licence. Ce qu'on appelle la vieille comédie n'était autre chose que satyre en dialogue. Elle nommait les personnes et les immolait sans nulle pudeur à la risée publique.

Cours de littér. Tome II.

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la

Ce genre de drame ne pouvait être toléré que dans une démocratie effrénée, comme celle d'Athenes. Il n'y a qu'une multitude sans principes, sans regle et sans éducation, qui soit portée à protéger et encourager publiquement la médisance et la calomnie, parce qu'elle ne les craint pas, et que rien ne trouble

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le plaisir malin qu'elle goûte à les voir se déchaîner contre tout ce qui est l'objet de sa haine ou de sa jalousie. C'est une espece de vengeance qu'elle exerce sur tout ce qui est au dessus d'elle; car l'égalité civile, qui ne fait que constater l'égalité des droits naturels, ne saurait détruire les inégalités morales, sociales et physiques établies par la nature même; et rien au monde ne peut faire que dans l'ordre social un fripon soit l'égal d'un honnête homme, ni un sot l'égal d'un homme d'esprit.

On ouvrit enfin les yeux sur ce scandale, qui fut réprimé par les lois : il fut défendu de nommer personne sur le théâtre. Mais les auteurs, ne voulant pas renoncer à l'avantage facile et certain de flatter la malignité publique, prirent le parti de jouer des aventures véritables sous des noms supposés. La satyre ne perdit rien sous un si faible déguisement ce fut le second âge du théâtre comique, et ce genre s'appela la moyenne comédie. De nouveaux édits la proscrivirent, et l'on fit défense aux poëtes comiques de mettre sur la scene, ni person

nages réels ni actions vraies et connues. Alors il fallut inventer; et c'est à cette troisieme époque qu'il faut placer la naissance de la véritable comédie: ce qui l'avait précédée n'en méritait pas le nom. C'est dans celle-ci que se distingua Ménandre, qui en fut chez les Grecs le créateur et le modele comme Epicharme le fut chez les Siciliens. La postérité a consacré la mémoire de Ménandre; mais le tems a dévoré ses écrits. Il ne nous est connu que par les imitations de Térence, qui lui emprunta plusieurs de ses pieces, dont il enrichit le théâtre de Rome.

Les onze pieces qui nous restent des cinquantequatre qu'on dit qu'Aristophane avait faites, appartiennent entiérement à la premiere époque, à celle de la vieille comédie. Eupolis, Cratinus et lui sont les trois auteurs les plus célebres qui aient travaillé dans ce genre. Leurs écrits furent connus des Romains, comme le prouve le témoignage d'Horace. Ils ne sont pas venus jusqu'à nous, non plus que ceux des auteurs qui s'exercerent dans les deux autres genres: on sait seulement qu'ils furent en très-grand nombre. Le seul Aristophane est échappé, du moins en partie, à ce naufrage général. On ne sait rien de sa personne, si ce n'est qu'il n'était pas né à Athenes; ce qui releve chez lui le mérite de cet atticisme que les Anciens lui

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