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» ne répondait à la voix de la patrie, demandant

» un citoyen qui lui indiquât des

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moyens

de salut; » car le hérault prononçant les paroles que la loi » met dans sa bouche, est-il autre chose en effet » que l'organe de la patrie ? S'il n'eût fallu pour se » lever alors qu'aimer la république et desirer son salut, vous l'eussiez fait tous, Athéniens, tous vous vous seriez approchés de la tribune; s'il eût » fallu être riche, le conseil dès trois-cents se serait levé; ceux qui, réunissant l'amour de la patrie » et les moyens de la servir, vous ont depuis prodigué leurs biens, se seraient levés aussi. Mais » un pareil jour, un pareil moment ne deman» dait pas seulement un bon citoyen, un homme »sage, un homme opulent : il fallait quelqu'un qui connût à fond le caractere, la politique et les » vues de Philippe. Je fus cet homme, je parus,

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je parlai : j'exposai les desseins de Philippe et ce qu'il fallait faire les combattre; personne » ne contredit; tous applaudirent. Il fallait un » décret; je le rédigeai. Le décret ordonnait une » ambassade vers les Thébains; je m'en chargeai. » L'objet de l'ambassade était de leur persuader qu'ils devaient oublier toute division et se réunir à vous; je les persuadai. Eh bien! Eschine, quel fut ton rôle ce jour-là? Quel fut le mien? Tu ne fis rien je fis tout. Si tu avais été en effet

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» un bon citoyen, c'était là le moment de parler; » il fallait proposer un avis meilleur que le mien » et ne pas attendre à ce jour pour l'attaquer et » m'en faire un crime. Mais telle est la différence << de celui qui conseille à celui qui calomnie. L'un » se montre avant l'événement et s'expose aux contradictions, aux revers, aux ressentimens » il prend tout sur lui : l'autre se tait quand il faut parler, et attend le moment d'un désastre

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» élever le cri de la censure et de la haine.

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» Mais enfin, puisque tu as été muet ce jour-là, » dis-moi donc du moins aujourd'hui quel autre » discours j'ai dû tenir, quel était le bien que je pouvais faire et que j'ai négligé, quelle autre » alliance j'ai dû proposer, quelle autre conduite j'ai dû conseiller; car c'est par-là qu'il faut juger de mon administration et non pas par l'événe» ment. L'événement est dans la volonté des dieux: l'intention est dans le cœur du citoyen. Il n'a pas dépendu de moi que Philippe fût vainqueur ou » non; mais ce qui dépendait de moi, c'était de

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prendre toutes les mesures que peut dicter la

prudence humaine, de mettre dans l'exécution » toute la diligence possible, de suppléer par le » zele à ce qui nous manquait de force; enfin, de » ne rien faire qui ne fût glorieux, nécessaire et digne de la république. Prouve que telle n'a pas

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» été ma conduite, et alors ce sera une accusation » et non pas une invective. Si le même foudre » dont la Grece a été accablée, est aussi tombé sur Athenes, que pouvais-je faire pour l'écarter? Un citoyen chargé d'équiper un vaisseau pour l'État, le fournit de tout ce qui est nécessaire » à sa défense: la tempête le renverse : quelqu'un songe-t-il à l'en accuser? Ce n'est pas moi, diraitil, qui tenais le gouvernail, et ce n'est moi pas » non plus qui ai conduit l'armée..... Si toi seul, Eschine, devinais alors l'avenir, que ne l'as-tu » révélé? Si tu ne l'as pas prévu, tu n'es, comme moi, coupable que d'ignorance; et pourquoi » m'accuses - tu quand je ne t'accuse pas? Mais puisqu'il me presse là-dessus, Athéniens, je dirai quelque chose de plus fort, et je vous conjure de » ne voir aucune présomption dans mes paroles, » mais seulement l'ame d'un Athénien. Je le dirai » donc : Quand même nous aurions prévu tout ce

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qui est arrivé, quand toi-même, Eschine, qui » dans ce tems n'osas pas ouvrir la bouche, devenu » tout à coup prophete, tu nous aurais prédit l'avenir, il eût fallu faire encore ce que nous avons fait, pour peu que nous eussions eu devant les » yeux la gloire de nos ancêtres et le jugement de » la postérité. En effet, que dit-on de nous au

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» la fortune qui décide de tout; mais devant qui »oserions-nous lever les yeux, si nous avions laissé » à d'autres le soin de défendre la liberté des Grecs » contre Philippe? Et qui donc parmi les Grecs parmi les Barbares, ignore que jamais dans » les siecles passés Athenes n'a préféré une sécurité » honteuse à des périls glorieux? Que jamais elle » n'a consenti à s'unir avec la puissance injuste, » mais que dans tous les tems elle a combattu » pour la prééminence et pour la gloire. Si je me » vantais de vous avoir inspiré cette élévation de

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sentimens, ce serait de ma part un orgueil insupportable; mais en faisant voir que tels ont été toujours vos principes et sans moi et avant moi, je me fais un honneur de pouvoir affirmer que dans cette partie des fonctions publiques qui » m'a été confiée, j'ai été aussi pour quelque » chose dans ce que votre conduite a eu d'hono»rable et de généreux. Mon accusateur, au con

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traire, en voulant m'ôter la récompense que » vous m'avez décernée, ne s'aperçoit pas qu'il » veut aussi vous priver du juste tribut d'éloges que

vous doit la postérité; car si vous me condamnez » pour le conseil que j'ai donné, vous paraîtrez » vous-même avoir failli en le suivant. Mais non,

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Athéniens, non, vous n'avez point failli, en » bravant tous les dangers pour le salut et la liberté

» de tous les Grecs : vous n'avez point failli : j'en

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jure, et par les mânes de vos ancêtres qui ont péri » dans les champs de Marathon, et par ceux qui » ont combattu à Platée, à Salamine, à Artémise,

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par tous ces grands citoyens dont la Grece a » recueilli les cendres dans des monumens publics. » Elle leur accorde à tous la même sépulture et » les mêmes honneurs; oui, Eschine, à tous; » car tous avaient eu la même vertu, quoique la » destinée souveraine ne leur eût pas accordé à » tous le même succès. »

C'est là ce serment si célebre dans l'antiquité, et si souvent rappelé de nos jours. Quand on l'entend, il semble que toutes les ombres évoquées tout à l'heure par Eschine, viennent se ranger autour de la tribune de Démosthene et le prennent sous leur protection. Ce n'est pas assez voyez comme il tourne contre Eschine cet air de triomphe qu'a eu celui-ci en parlant de la défaite de Chéronée.

« L'avez-vous remarqué, Athéniens, lorsqu'il » a parlé de nos malheurs? il en parlait sans rien ressentir, sans rien témoigner de cette tristesse qui sied si bien à un citoyen honnête et sensible. » Son visage était rayonnant d'allégresse, sa voix » était sonore et éclatante. Le malheureux ! il

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croyait m'accuser, et il s'accusait lui-même en

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