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l'une se formait sur le premier ordre, qui était plus propre à la défense, et l'autre sur le second, qui était plus propre à l'attaque.

Les Lacédémoniens et en général tous les Grecs connaissaient le pas égal, inventé dès les temps les plus anciens, mais oublié dans le moyen âge, et retrouvé de nos jours; en sorte que tous leurs mouvements, comme ceux des armées modernes, se faisaient avec la plus grande précision. Toutefois leur pas ordinaire était plus accéléré que le nôtre, et ils attaquaient l'ennemi au pas de course, pour être moins long-temps exposés à ses projectiles.

Ils passaient de l'ordre de bataille à l'ordre de marche en défilant par le flanc, chaque soldat faisant un quart de conversion, et les premiers rangs défilant avant les derniers.

L'armée lacédémonienne marchait tantôt en plæsion ou bataillon carré à centre vide dans lequel on enfermait les bagages, et tantôt en colonnes pleines, séparées par les bagages les unes des autres et marchant sur un front plus ou moins grand, suivant la largeur du chemin.

Arrivée à la halte, l'armée campait dans un cercle, au lieu de camper dans un carré, pour ne pas exposer aux attaques de l'ennemi les angles du quadrilatère, qui sont toujours faibles. On posait des sentinelles autour du camp, et un officier faisait

la ronde pendant la nuit, une sonnette à la main, pour avertir de la présence de l'ennemi. Les soldats couchaient sous des tentes dans des lits de joncs ou de feuillages; et quelquefois pour tromper l'ennemi, on faisait faire deux lits pour un soldat ou un lit pour deux soldats.

Donnait-on le signal de la bataille? chaque corps allait prendre sa place sur le terrain où elle devait se donner. Les hoplites se plaçaient au centre; les peltastes sur les flancs; la cavalerie aux deux extrémités; les hommes de trait en avant, et l'on voyait l'armée présenter tout à coup à l'ennemi tantôt une ligne pleine, tantôt une ligne rompue par intervalles, et les différentes sections de cette armée se rompre et se réunir avec la plus grande facilité. Quelquefois même on voyait la phalange se rompre en deux pour faire face en avant et en arrière; les peltastes se placer en équerre sur ses deux flancs, et l'armée tout entière présenter à l'ennemi un immense bataillon carré.

Une armée lacédémonienne simple était composée de huit mille hommes; savoir: d'une phalange simple de quatre mille hoplites, de deux mille peltastes, de quatre cents cavaliers et de seize cents psiles ou gens de trait; en sorte que les hoplites formaient la moitié de cette armée, que les peltastes en formaient un quart, et que

l'autre quart était formé par les cavaliers et par les gens de trait. Mais une armée double, ou ce que l'on nommait une armée royale, était composée de seize mille hommes; savoir: d'une phalange double de huit mille hoplites, de quatre mille peltastes, de huit cents cavaliers et de trois mille deux cents psiles; et les Macédoniens, qui, depuis, imitèrent le cadre de cette armée, ne firent que le doubler, en le portant à trente-deux mille hommes.

Aristote prétend même que Sparte pouvait, dans un temps, porter la sienne à trente mille hommes de pied et à quinze cents chevaux ; mais elle avait alors près de dix mille citoyens, et elle n'en eut plus que mille après la guerre du Péloponèse. Les Spartiates s'épuisèrent durant cette guerre, et leur armée ne fut plus dès ce moment qu'un ramas d'étrangers et de brigands.

CHAPITRE IV.

Des avantages et des vices de la constitution de Spartė.

TELLE était à Sparte l'organisation de l'armée et la distribution des différents pouvoirs. Le pouvoir législatif y était partagé entre les deux rois, le sénat et le conseil-général; et le pouvoir exé

cutif l'était entre les deux rois, le sénat et les éphores. Le gouvernement était donc monarchique par ses rois, oligarchique par son sénat, et démocratique par ses éphores et son conseil-général; mais ces divers éléments de monarchie, d'oligarchie et de démocratie y étaient mal combinés, et ils ne furent jamais bien tempérés les uns par les autres. Les deux rois n'avaient part au pouvoir législatif que comme sénateurs, et au pouvoir exécutif que comme généraux. Ils n'étaient donc vraiment rois qu'à l'armée, et ils n'étaient au sénat que simples sénateurs, et à la ville que simples citoyens: In exercitu reges, senatores in curia, in urbe cives.

Les sénateurs eux-mêmes, depuis l'institution des éphores, n'avaient plus de part au pouvoir exécutif que comme présidents des tribunaux criminels; et les éphores qui présidaient tous les autres tribunaux, même celui des polémarques, dirigeaient seuls toute l'administration civile, et même dans la cité toute l'administration militaire.

Les éphores avaient donc trop de part au pouvoir exécutif, et les rois, ainsi que les sénateurs, y en avaient trop peu. En donnant aux éphores la direction suprême de l'administration civile, on aurait dû laisser aux rois, dans la ville comme à l'armée, la présidence du conseil-militaire, et l'on aurait dû laisser au sénat la surveillance des

lois et la censure des mœurs, parce qu'un conseil perpétuel est naturellement plus propre à conserver les lois et les mœurs, qu'un conseil annuel de simples citoyens, tirés de la masse du peuple, et, par cela même, accessibles à toutes les séductions.

L'éphorat n'était point entré dans le cadre des institutions de Lycurgue, et jamais il ne put s'y bien adapter. Théopompe l'y introduisit sous son règne, au risque de voir diminuer son pouvoir, pour mieux modérer celui du sénat, qui était devenu redoutable aux rois. Or, cette institution ne pouvait qu'altérer la constitution primitive, qui était essentiellement aristocratique, et qui, depuis, pencha vers la démocratie. Mais il faut avouer aussi qu'elle donna plus d'à-plomb au gouvernement, parce que le peuple, qui put arriver par là aux premières magistratures, ne chercha plus dès ce moment à innover. Toutes les classes de la société parurent alors contentes de leur sort. Les rois l'étaient de leur prérogative héréditaire; les hippagrètes, de leur privilège exclusif d'entrer au sénat; et les simples citoyens ayant l'espoir de parvenir à une magistrature qui, dans sa courte durée, égalait même celle des rois, n'envièrent plus dès-lors le pouvoir de la royauté ni celui du sénat.

Que cette adroite combinaison ait été l'ou

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