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Tous les bruits de la nature, cette rumeur des éléments toujours flottante, dilatent ma pensée en d'étranges reveries et me jettent en des étonnements dont je ne puis revenir.

Le mystère de la vie élementaire le captive et l'enivre. Son rêve est de le pénétrer, de s'y plonger.

J'habite avec les élements intérieurs des choses, je remonte les rayons des étoils et le courant des fleuves jusqu'an sein des mystères de leur génération. Je suis admis pur la nature au plus retiré de ses divines demeures, au point de départ de la vie universelle; là, je surprends le cause du mouvement et j'entends le premier chant des êtres dans toute sa fraîcheur.

Si l'on pouvait s'identifier au printemps, forcer cette pensée au point de croire aspirer en soi toute la vie, tout l'amour qui fermentent dans la nature, se sentir à la fois fleur, verdure, oiseau, chant, fraîcheur, élasticité, volupté, sérénité! Que serait-ce de moi!

Le passage suivant donne une idée de ce qu'on nons permettra, d'appeler son Végétalisme.

Qui peut se dire dans un asile s'il n'est sur quelque hauteur et la plus absolue qu'il ait pu gravir? Quand serai-je dans le calme? Autrefois les dieux, voulant recompenser la vertu de quelques mortels, firent monter autour d'eux une nature végétale qui absorbait dans son étreinte, à mesure qu'elle s'élevait, leurs corps vieillis, et substituait à leur vie, tout usée par l'âge extrème, la vie forte et muette qui règne sous l'écorce des chênes. Ces mortels, devenus immobiles, ne s'agitaient plus que dans l'extremté de leurs branchâges émus par les vents. N'est-ce pas le sage et son calme? Ne se revet-il pas longuement de cette métamorphose du peu d'hommes qui furent aimés des dieux ? S'entretenir d'une sève choisie par soi dans les éléments, s'envelopper, paraître aux hommes puissant par les racines et d'une grave indifférence comme certains arbres que l'on admire dans les forêts, ne rendre à l'aventure que des sons vagues mais profonds, tels que ceux de quelques cimes touffues qui imitent les murmures de la mer, c'est un état de vie qui me semble digne d'efforts et bien propre pour être opposé aux hommes et à la fortune du jour.

Dans une idylle grandiose, qu'il n'a fait qu'ébaucher, Maurice tente de concentrer et d'exprimer en une seule fois toutes ces nuances diverses du sentiment de la nature. Cette pièce rend entre autres l'attrait mystérieux de l'élément liquide avec une intensité plus saisissante encore que celle du pêcheur de Goethe. C'eût-été, s'il eût pu l'achever, une représentation vraiment magistrale du mythe de Glaucus, avec un mélange dans

la forme qui rappelle tout ensemble André Chénier, Théocrite et le pseudo-Orphée.

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Comme un fruit suspendu dans l'ombre du feuillage,

Mon destin s'est formé dans l'épaisseur des bois.
J'ai grandi, recouvert d'une chaleur sauvage,
Et le vent qui rompait le tissu de l'ombrage
Me découvrit le ciel pour la première fois.

Les faveurs de nos dieux m'ont touché dès l'enfance;
Mes plus jeunes regards ont aimé les forêts,
Et mes plus jeunes pas ont suivi le silence

Qui m'entraînait bien loin dans l'ombre et les secrets.
Mais le jour où, du haut d'une cime perdue,

Je vis (ce fut pour moi comme un brillant réveil!)
Le monde parcouru par les feux du soleil,
Et les champs et les eaux cachés dans l'étendue,
L'étendue enivra mon esprit et mes yeux;
Je voulus égaler mes regards à l'espace,
Et posséder sans borne, en égarant ma trace,
L'ouverture des champs avec celle des cieux.
Aux bergers appartient l'espace et la lumière,
En parcourant les monts ils épuisent le jour;
Ils sont chers à la nuit, qui s'ouvre tout entière
A leurs pas inconnus, et laisse leur paupière
Ouverte aux feux perdus dans leur profond séjour.

J'étais berger j'avais plus de mille brebis.
Berger je suis encore, mes brebis sont fidèles:
Mais qu'aux champs refroidis languissent les épis,
Et meurent dans mon sein les soins que j'eus pour elles!
Au cours de l'abandon je laisse errer leur pas,
Et je me livre aux dieux que je ne connais pas!

J'aime Thétys: ses bords ont des sables humides;

· La pente qui m'attire y conduit mes pieds nus;
Son haleine a gonflé mes songes trop timides,
Et je vogue en dormant à des points inconnus.
L'amour qui, dans le sein des roches les plus dures,
Tire de son sommeil la source des ruisseaux,
Du désir de la mer émeut ses faibles eaux
C'est le mien. Mon destin s'incline vers la plage.
Le secret de mon mal est au sein de Thétys.
J'irai, je goûterai les plantes du rivage,
Et peut-être en mon sein tombera le breuvage

Qui change en dieux des mers les mortels engloutis.

Cependant Maurice échappe à ces rêves énervants. Son

individualité se fortifiant, il s'éprend à son tour d'action et d'indépendance. Pour exprimer alors ce sentiment de la vie individuelle à demi plongée encore dans la vie universelle, mais s'en dégageant déjà d'un effort vainqueur, il choisit un autre type antique, participant à la fois de l'homme et de l'animal, supérieur à l'un et à l'autre par la force du corps unie à celle de l'esprit, le centaure.

Maurice met en scène l'homme-cheval, il lui fait raconter sa naissance au sein des ombres primitives, ses premières impressions au sortir de la caverne maternelle, au sein d'une nature exubérante et vierge. Il le montre s'abandonnant à une impulsion sans frein, parcourant la terre, traversant les forêts immenses, se laissant emporter au cours des fleuves, jouissant ainsi par son corps rapide et infatigable du délire d'une fougue animale indomptable, tandis que par sa tête et ses bras librement portés vers le ciel il goûte l'orgueil et la sécurité d'un demi-dieu.

L'usage de ma jeunesse fut rapide et rempli d'agitation. Je vivais de mouvement et ne connaissais pas de borne à mes pas. Dans la fierté de mes forces libres, j'errais, m'étendant de toutes parts dans ces déserts. Avec l'abandon des fleuves, respirant sans cesse Cybele, soit dans le lit des vallées, soit à la cime des montagnes, je bondissais partout comme une vie aveugle et déchaînée. Mais lorsque la nuit, remplie du calme des dieux, me trouvait sur le penchant des monts, elle me conduisait à l'entrée des cavernes et m'y apaisait comme elle apaise les vagues de la mer, laissant survivre en moi de légères ondulations qui écartaient le sommeil sans altérer mon repos. Couché sur le seuil de ma étraite, les flancs cachés dans l'antre et la tête sous le ciel, je suivais le spectacle des ombres. Alors la vie étrangère qui m'avait pénétré durant le jour se détachait de moi goutte à goutte, retournant au sein paisible de Cybèle, comme après l'ondée les débris de la pluie attachée aux feuillages font leur chute et rejoignent les eaux. On dit que les dieux marins quittent durant les ombres leur palais profond, et, s'asseyant sur les promontoires, étendent leurs regards sur les flots. Ainsi je veillais ayant à mes pieds une étendue de vie semblable à la mer assoupie. Rendu à l'existence distincte et pleine, il me paraissait que je sortais de naître, et que des eaux profondes et qui m'avaient conçu dans leur sein venaient de me laisser sur le haut de la montagne, comme un dauphin oublié sur les sirtes par les flots d'Amphitrite . .

Un jour que je suivais une vallée où s'engagent peu les centaures, je découvris un homme qui côtoyait le fleuve sur la rive contraire. C'était le premier qui s'offrit à ma vue, je le méprisai. Voilà tout au

plus, me dis-je, la moitié de mon être! Que ses pas sont courts et sa démarche malaisée! Ses yeux semblent mesurer l'espace avec tristesse. Sans doute c'est un centaure renversé par les dieux et qu'ils ont réduit á se traîner ainsi.

Dans cette figure superbe, dont, pour leur part de compétence, tous les hommes de cheval, sportsmen ou Sonntagsreiter, reconnaîtront la vérité et la puissance, sous cette forme significative du centaure, Maurice exprimait admirablement le genre nouveau de sentiment de la nature qui règne aujourd'hui; ce besoin d'expansion sans limites au dehors, d'excursion et d'escalade vers l'inconnu, cet appétit de possession avide et d'âpre jouissance de la nature qui nous possède et nous distingue des céladons et des élégiaques d'autrefois. Hinaus in die Welt!

Voir c'est avoir, allons courir!

Car tout voir, c'est tout conquérir.

A peine le printemps nous a-t-il effleurés de son haleine, la furie centauresque ne s'empare-t-elle pas ainsi de nous!

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Le Testament de Pathelin.

§ 1.

In einer Programmabhandlung*) habe ich den Nouveau Pathelin in literarischer und sprachlicher Beziehung einer eingehenden Betrachtung unterworfen. Es konnte dies nicht geschehen, ohne auch des andern durch die Farce Maistre Pierre Pathelin hervorgerufenen Stückes, des Testament de Pathelin, zu erwähnen. Ich stellte die Behauptung auf, dass das letztere Stück der Zeit nach dem Pathelin näher stehe als der Nouveau Pathelin, und jedenfalls noch dem 15. Jahrhundert angehöre. Um diese Behauptung, so weit es möglich, noch mehr zu stützen, will ich im Nachstehenden das Testament de Pathelin gleichfalls einer eingehenden Prüfung unterwerfen.

Die Brüder Parfaict, in ihrer histoire du théâtre français (vol. III. pag. 190), setzen die Entstehung des Stückes gegen 1520, und Jacob **) in seiner Ausgabe desselben schwankt zwischen 1480 und 1490; indess der Nouveau Pathelin nach ihm dem Jahre 1474 angehört.

Während die Farce Pathelin seit ihrer Entstehung eine grosse Zahl von Auflagen erlebte, war das Testament ganz der Vergessenheit anheimgefallen. Erst vom Jahre 1723 an, als der Buchhändler Coustelier die Farce de maistre Pathelin avec son testament à quatre personnages erscheinen liess, finden wir diese Farce in der Literaturgeschichte erwähnt. Es sind jedoch später noch einige ältere Ausgaben aufgefunden worden. ***) Im Jahre 1748 liess Simon Gueulette den

*) Jahresbericht der ersten städtischen höhern Töchterschule zu Berlin, 1865.

") Recueil de farces, soties et moralités etc. Paris 1859, pag. 179. ***) Siehe Bibliothèque du Théâtre fr. I, 57.

Archiv f. n. Sprachen. XXXIX.

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