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munément. La mesure des Vers, un certain arrangement de rimes, quelques penfées exprimées plûtôt avec jufteffe qu'avec force, fuffifent pour faire de bonnes ftances; l'Ode outre cela exige du feu, de la grandeur, de la fublimité, de vives images & des traits hardis, à moins qu'on ne dife qu'une Ode n'eft autre chofe qu'un affemblage de ftances, dont chacune concourt à un but général que l'Auteur fe propose. Toutes fois je ne fçai fi toutes fortes de ftances pourroient former une Ode par la raifon que je viens de toucher; d'autant plus que le ftyle fublime qui doit caractérifer ce dernier genre de Poëfic n'eft point affecté au premier. C'eft pourquoi les exemples que j'ai cités ne concernent que la ftructure des Vers l'arrangement des rimes & l'harmonie. Pour ce qui regarde le fonds de la compofition & la nobleffe des idées, on doit les rapporter uniquement à la Poësie lirique.

De la

Le but de la parole eft de pein Diction, dre les idées avec clarté. L'équivoque & l'ambiguité des expreffions marquent néceffairement de l'obfcurité dans la pensée.

Art

Poët.

Selon que notre idée eft plus ou moins obfcure

Chant 1. L'expreffion la fuit, ou moins nette ou

plus pure:

Ce que l'on conçoit bien s'énonce claire

ment,

Et les mots pour le dire arrivent aisément,

On n'aime point les fens louches & envéloppés dans la fimple converfation, on les fupporte encore moins dans un ouvrage, dont l'Auteur eft cenfé avoir réfléchi fur le choix des couleurs qu'il employeroit pour peindre fes idées. Son premier devoir eft de fe faire entendre, & d'épargner au Lecteur la pénible contention de chercher à chaque inftant ce que l'Ecrivain a voulu dire. L'Empereur Augufte vouloit qu'on répétât le même mot plufieurs fois, plûtôt que de rien laiffer dans le difcours qui pré

fentât un fens entortillé. On doit donc prendre garde lorsqu'on écrit, non-feulement fi l'on s'entend foimême ; mais encore fi l'on fera entendu des autres foit qu'on fe propose de les inftruire, foit qu'on ne veuille fimplement que les amufer. Des Préceptes peu intelligibles deviennent inutiles, & le plaifir qu'on ne goûte qu'en furmontant de grandes difficultés ceffe d'être plaifir. La Poëfie demande une diction fimple, précise & dégagée ; il faut qu'à la premiere lecture, avec une médiocre attention, fans gêne & fans étude le Lecteur trouve un fens net & développé. La Profe a cet avantage, qu'elle peut manier les expreffions avec toute l'étendue néceffaire pour répandre la lumiere fur les objets qu'elle traite. La Poëfie qui demande naturellement plus de feu, & qui craint tout ce qui pourroit rendre le ftyle languiffant, ne va que trop fouvent au de-là de ce but, & tombe dans l'obfcurité, Le defir de mettre beaucoup de

De la Le but de la parole eft de pein Diction, dre les idées avec clarté. L'équivoque & l'ambiguité des expreffions marquent néceffairement de l'obfcurité dans la pensée.

'Art

Poët.

Selon

que notre idée eft plus ou moins ob

fcure

Chant 1. L'expreffion la fuit, ou moins nette ou

plus pure:

Ce que l'on conçoit bien s'énonce claire

ment,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

On n'aime point les fens louches & envéloppés dans la fimple converfation, on les fupporte encore moins dans un ouvrage, dont l'Auteur eft cenfé avoir réfléchi fur le choix des couleurs qu'il employeroit pour peindre fes idées. Son premier devoir eft de fe faire entendre, & d'épargner au Lecteur la pénible contention de chercher à chaque inftant ce que l'Ecrivain a voulu dire. L'Empereur Augufte vouloit qu'on répétât le même mot plufieurs fois, plûtôt que de rien laiffer dans le difcours qui pré

fentât un fens entortillé. On doit donc prendre garde lorfqu'on écrit, non-feulement fi l'on s'entend foimême ; mais encore fi l'on fera entendu des autres foit qu'on fe propofe de les inftruire, foit qu'on ne veuille fimplement que les amufer. Des Préceptes peu intelligibles deviennent inutiles, & le plaifir qu'on ne goûte qu'en furmontant de grandes difficultés ceffe d'être plaifir. La Poëfie demande une diction fimple, précife & dégagée ; il faut qu'à la premiere lecture avec une médiocre attention, fans gêne & fans étude le Lecteur trouve un fens net & développé. La Profe a cet avantage, qu'elle peut manier les expreffions avec toute l'étendue néceffaire pour répandre la lumiere fur les objets qu'elle traite. La Poëfie qui demande naturellement plus de feu, & qui craint tout ce qui pourroit rendre le ftyle languiffant, ne va que trop fouvent au de-là de ce but, & tombe dans l'obfcurité, Le defir de mettre beaucoup de

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