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Tout est charme au dehors, tout est paix au dedans,
Mais l'honneur d'une prude est la foudre qui grorde
Et, sans le corriger, épouvante le monde.
Bélinde, à la grandeur préférez la bonté ;
La retraite est le trône où règne la beauté.
Voyez dans sa maison la mère de famille,
C'est là qu'il faut l'aimer et c'est là qu'elle brille.
A l'homme, abandonnez les affaires d'état ;
Qu'il agisse à la cour ou qu'il parle au sénat ;
De l'empire ébranlé qu'il soutienne la masse ;
La force est son partage et le vôtre est la grâce.
Ce qui doit occuper vos esprits nuit et jour,
Votre importante affaire, ô femmes! c'est l'amour.
De l'amour vous devez rechercher la victoire;
Il est votre bonheur, il sera votre gloire.

Sans réserve, sur-tout, donnez tout votre cœur; Choisissez froidement, aimez avec ardeur.

Quand le cœur à moitié se retient et se donne,

De ses myrtes jamais l'amour ne le couronne : En aimant, le bonheur est d'aimer sans détour; La vertu d'une amante est l'excès de l'amour.

L'âme peut s'attendrir sans cesser d'être fière; La honte est d'aimer mal, nou d'aimer la première. Coquettes, jouissez des frivoles honneurs, Du misérable orgueil de tourmenter les cœurs. L'amour se venge enfin de celle qui le brave; Tout change, et le tyran devient bientôt l'esclave.

Soon will resume the empire which he gave
And soon the tyrant shall become the slave.

Blest is the maid, and worthy to be blest, Whose soul, entire by him she loves possess'd Feels every vanity in fondness lost

And asks no pow'r, but that of pleasing most.
Her's is the bliss, in just return, to prove
The honest warmth of undissembled love;
For her, inconstant man might cease to range,
And gratitude forbid desire to change.

But lest harsh care the lover's peace destroy,
And roughly blight the tender buds of joy,
Let reason teach what passion fain would hide,
That hymen's bands by prudence should be ty'd.
Venus in vain the wedded pair would crown,
If angry fortune on their union frown;
Soon will the flatt'ring dream of bliss be o'er,
And cloy'd imagination cheat no more.
Then, waking to the sense of lasting pain,
With mutual tears the nuptial couch they stain;
And that fond love which should afford relief
Does but increase the anguish of their grief
While both could easier their own sorrows bear,
Than the sad knowledge of each other's care.

Yet, may you rather feel that virtuous pain Than sell your violated charms for gain, Than wed the wretch whom you despise or hate,

Combien elle est heureuse et digne du bonheur,
La beauté dont l'amant possède tout le cœur,
Et qui, fière d'aimer et d'aimer sans partage,
N'aspire qu'à l'orgueil de plaire davantage!
Elle aime sans réserve, on l'aime avec excès;
Par des bienfaits, l'amour répond à ses bienfaits.
Jouissez, couple heureux, que la reconnaissance
Pour jamais près de vous enchaîne la constance.
Craignez, pourtant, craignez qu'un songe destructeur
Un jour ne coupe, hélas! le plaisir dans sa fleur!
La raison doit servir de guide à la tendresse ;
L'hymen doit voir ses nœuds serrés par la sagesse.
Vénus en vain sourit à ce couple amoureux,
Si la fortune aussi ne sourit à leurs nœuds;
La misère au plaisir ôte bientôt ses charmes;
La couche des époux ne voit plus que des larmes ;
L'amour même, l'amour, qu'opprime le malheur,
Au lieu de l'adoucir, irrite la douleur.

Comment la supporter, hélas! avec courage,
Quand l'objet de nos vœux avec nous la partage?

Bélinde, cependant, si mon œil prévenu Ne s'est pas aveuglé sur son cœur ingénu, Préférerait encor ces vertueuses larmes

For the vain glare of useless wealth or state
The most abandon'd prostitutes are they
Who not to love but av'rice fall a prey;
Nor aught avails the specious name of wife,
A maid so wedded is a whore for life.

Ev'n in the happiest choice, where fav'ring heav'n, Has equal love, and easy fortune giv'n,

Think not, the husband gain'd, that all is done;
The prize of happiness must still be won;
And oft, the careless find it to their cost,
The lover in the husband may be lost;
The graces might alone his heart allure;
They and the virtues meeting must secure.
Let ev'n your prudence wear the pleasing dress

Of care for him and anxious tenderness.
From kind concern about his weal or woe,
Let each domestic duty seem to flow;

The household scepter if he bids

your bear, Make it your pride his servant to appear; Endearing thus the common acts of life, The mistress still shall charm him in the wife; And wrinkled age shall unobserv'd come on, Before his eye perceives one beauty gone; Ev'n o'er your cold, and ever sacred urn, His constant flame shall unextinguish'd burn. Thus I, Belinda, would your charms improve, And form your heart to all the arts of love;

A la honte de vendre et son coeur et ses charmes,
Et la misère même au malheur de s'unir

A l'époux qu'elle doit mépriser ou haïr.
Dans l'avare beauté que l'argent seul marie,
Je ne verrai jamais qu'une maîtresse à vie.

Si la fortune, enfin, docile à tous vos vœux,
S'accorde avec l'amour pour embellir vos nœuds,
Le mariage fait, tout n'est pas fait encore
Il faut savoir fixer l'époux qui vous adore;
Sa tendresse souvent ne dépend que de vous,
Mais souvent l'amant peut se perdre dans l'époux :
L'honneur de l'attacher pour jamais sur vos traces,
Est l'ouvrage charmant des vertus et des grâces.

Mais, sur-tout, par un art tendrement ménagé, Jusques dans l'abandon du plus grand négligé, Soyez toujours parée. Adroite ménagère, Rapportez tous vos soins au desir de lui plaire. Si votre époux enfin vous laisse tout régir, Même en le commandant paraissez le servir; Ainsi, dans les détails captivant sa tendresse, Dans sa femme toujours il verra sa maitresse. Que le tems, par degrés, change alors vos appas, Sa douce illusion ne s'en aperçoit pas; Et, jusques au tombeau d'une épouse fidèle, Fidèle époux, toujours il brûlera pour elle.

Bélinde, c'est ainsi que ma muse, en ce jour, Instruisait votre cœur aux secrets de l'amour :

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