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Nage, va, fuit, revient, puis plonge jusqu'au fond,
Puis se relève, et voit, nouvelle Néréide,
Ses longs cheveux épars former un voile humide.
Damon de tant d'attraits savoure le poison;
Il embrase son sang, il trouble sa raison :
Téméraire, il allait.... mais l'amour, l'amour tendre,
L'amour respectueux lui défend d'entreprendre.
Il fuit; mais en fuyant il jette sur les flots
Un papier où sa main a tracé quelques mots.
La nymphe l'aperçoit, le saisit et soupire,
L'ouvre et rougit; confuse, elle ose à peine lire:
<< Sans crainte, baignez-vous dans cet heureux séjour;
» Ma belle, nuls regards, hors ceux du tendre amour,
» N'ont vu vos doux attraits. Moi, de votre cabane
» Fier, mais discret, je vais écarter tout profane.
La bergère, à ces mots, reste sans mouvement,
Son souffle est suspendu. Tel ce marbre charmant
Qu'admire l'univers, dont la Grèce s'honore,
Se penche, et de sa main semble vouloir encore
Cacher tout à la fois les traits qu'à cent beautés
Pour sa Vénus Apelle a jadis empruntés.

De sa surprise, enfin, la belle revenue
Cherche cette parure à l'Eden inconnue,
Et, du tendre Damon reconnaissant la main,
Se rassure; en riant place contre son sein
L'écrit humide encor. Doucement agitée
De mouvemens divers, tour à tour emportée

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Her sudden bosom seiz'd: shame void of guilt,

The charming blush of innocence, esteem
And admiration of her lover's flame,

By modesty exalted: even a sense
Of self-approving beauty stole across
Her busy thought. At length a tender calm
Hush'd by degrees the tumult of her soul;
And on the spreading beech, that o'er the stream
Incumbent hung, she with the sylvan pen
Of rural lovers, this confession carv'd,

Which soon her Damon kiss'd with weeping joy:
«Dear youth! sole judge of what these verses mean,
» By fortune too much favour'd, but by love,
» Alas! not favour'd less, be still as now
>> Discreet: the time may come you need not fly.»

HUMAN MISERIES.

AH! little think the gay licentious proud, Whom pleasure, power, and affluence surround; They, who their thoughtless hours in giddy mirth, And wanton, often cruel, riot waste;

Ah! little think they, while they dance along,

many

feel,

How
this very moment, death,
And all the sad variety of pain.

How many sink in the devouring flood,

Or more devouring flame. How many bleed,

De la crainte au desir, de la honte à l'amour,
De plaisir, de pudeur, rougissant tour à tour,
Admire d'un amant la délicate flamme,

Et l'estime à l'amour livre enfin sa jeune âme :
Même elle écoute aussi la secrète fierté
D'un hommage si pur qu'on rend à sa beauté;
Mais sa pensée enfin se calme et se compose;
Sur le bord du rivage elle s'asseoit, dépose
Sur un autre papier ses timides ardeurs.

Damon le trouve et lit, non sans verser des pleurs :

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Mon ami, dans ces vers que toi seul peut comprendre, » Lis à ton tour l'aveu du penchant le plus tendre: » Le hasard t'a servi moins que l'amour, hélas! >> Sois discret; le jour vient où tu ne fuiras pas. ».

LES MISÈRES HUMAINES.

HÉLAS! ils pensent peu, ces mortels fortunés,
De plaisirs, de pouvoirs, de biens environnés,
Errans de fête en fête, épris de bagatelles
Immorales souvent, souvent même cruelles,
Hélas! ils pensent peu, dans un cercle brillant,
Combien d'autres mortels, en ce même moment,
Sont frappés par la mort ou flétris par la peine;
Victimes du destin, victimes de la haine,
Dans l'onde ensevelis, par le feu dévorés,

How

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By shameful variance betwixt man and man!
How many pine in want, and dungeon glooms;
Shut from the common air, and common use
Of their own limbs. How many drink the cup
Of baleful grief, or eat the bitter bread
Of misery. Sore pierc'd by wint'ry winds,
many shrink into the sordid hut
Of cheerless poverty. How many shake
With all the fiercer tortures of the mind,
Unbounded passion, madness, guilt, remorse;
Whence tumbled headlong from the height of life,
They furnish matter for the tragic Muse.
Even in the vale, where wisdom loves to dwell,
With friendship, peace, and contemplation join'd;
How many,
rack'd with honest passions, droop
In deep retir'd distress. How many stand
Around the death-bed of their dearest friends,
And point the parting anguish.

Thought fond man

Of these, and all the thousand nameless ills,
That one incessant struggle render life
One scene of toil, of suffering, and of fate,

L'un par l'autre, en duel, lâchement massacrés!
Combien d'autres mortels, dans une tour obscure,
Séparés à jamais de toute la nature,

Enterrés et vivans, ont perdu sans retour

Et l'usage de l'air et la clarté du jour!
Combien du noir chagrin boivent la coupe amère
Ou mangent, isolés, le pain de la misère!

Combien, à ces tourmens et de l'âme et du corps,
Joignent le plus affreux des tourmens, le remords,
Et pleurent à la fois, leur supplice et leurs crimes!
Combien d'autres encor, mémorables victimes,
Fameux par leurs grandeurs, fameux par leurs revers,
Tombent, et de leur chute étonnent l'univers!
Non, ils ne pensent point que souvent l'innocence
Qui dans l'humble vallon cache son existence,
Voit les nœuds les plus chers, les plus doux sentimens,
Pour elle devenir des chaînes, des tourmens!

Là, d'un ami mourant, à son heure dernière

Un ami, pour toujours, vient fermer la paupière;
Ici, la mère pleure un fils mort au berceau;
Là, d'un père la fille embrasse le tombeau;
Ici l'honnête époux, dans sa femme expirante,
Perd, trop affreuse perte! une amie, une amante.

O mortel insensé! songe, songe à ces maux,
A tant d'autres encor que le ciel à grands flots
Répand sur les mortels, qui, de la vie humaine,
Forment une pénible, une sanglante arène;

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