Le cerf bondit en paix, protégé par l'ombrage; Je ne vois plus l'oiseau dont j'entends le ramage; La nature en secret, dans les jardins naissans, Travaille et fait déjà respirer son encens. Sous ses langes pourprés, embryon faible encore, Informe, inaperçu, le fruit promet d'éclore.
Ah! laissez, laissez-moi fuir vos tristes remparts, Cités, théâtre obscur de vapeurs, de brouillards! Je vole, où la verdure, où la fraîcheur m'appelle, Respirer un air pur, fouler l'herbe nouvelle, Voir la goutte trembler sur l'arbuste incliné, Et le jeune églantier de ses fleurs couronné, Sentir le doux parfum qu'exhale le laitage, Ou, d'un point élevé, voir un beau paysage, Projetter sous mes pieds ses vallons, ses hauteurs, En un blanc empourpré confondre leurs couleurs: Là mon œil, transporté de prodige en prodige, Devance la nature et, par un doux prestige, Sous ce rideau de fleurs qui décore les champs, Il entrevoit l'automne à travers le printems.
Que du nord, cependant, une brise piquante Ne vienne pas changer cette scène charmante, De la nielle frapper nos naissantes moissons, Ou, d'un second hiver, répéter les glaçons! Souvent ces deux fléaux, dans sa vigueur première, Arrêtent tout-à-coup la sève printanière.
For oft, engender'd by the hazy north Myriads on myriads, insect armies waft Keen in the poison'd breeze; and wasteful eat, Thro' buds and bark, into the blacken'd core, Their eager way. A feeble race! yet oft The sacred sons of vengeance! on whose course Corrosive famine waits, and kills the year. To check this plague, the skilful farmer chaff And blazing straw before his orchard burns; Till, all involv'd in smoke, the latent foe From every cranny suffocated falls:
Or scatters o'er the bloom the pungent dust Of pepper, fatal to the frosty tribes; Or, when th' envenom'd leaf begins to curl, With sprinkled water drowns them in their nest; Nor, while they pick them up with busy bill, The little trooping birds unwisely scares.
Be patient, swains: these cruel-seeming winds Blow not in vain. Far hence they keep, repress'd, Those deep'ning clouds on clouds, surcharg'd with rain, That, o'er the vast Atlantic hither borne In endless train, would quench the summer-blaze, And, cheerless, drown the crude unripen'd year.
The north-east spends his rage; he now shut up Within his iron cave, th' effusive south
Warms the wide air, and o'er the void of heaven Breathes the big clouds with vernal showers distent.
Plus funestes encor, de nombreux bataillons D'insectes dévorans, attaquent les boutons, Percent, rongent les fleurs; faible et chétive engeance Que le ciel quelquefois charge de sa vengeance! La famine les suit, et leurs dards destructeurs Assassinent l'année. Ah! préviens leurs fureurs, Fermier industrieux, dans des flots de fumée Que la paille brûlante étouffe leur armée; Quand l'arbre rétrécit son feuillage blessé Qu'un poivre pénétrant, avec art disposé, Dans ses réduits secrets frappe l'insecte avide; Tu peux encor noyer cette race perfide; Ou du moins garde-toi d'effaroucher l'oiseau Qui d'un bec diligent en purge l'arbrisseau,
Bons villageois, ces vents, que vous croyez funestes, Ne soufflent point en vain; non, ces agens Repoussent loin de vous les nuages épais Qui, d'une longue pluie inondant vos guérets, Du printems jeune encore auraient flétri l'enfance, Et trompé de l'été la naissante espérance.
Mais, rentrés dans le nord, ces fiers tyrans de l'air Gémissent renfermés dans leurs antres de fer; Plus doux, le vent du sud ramène les nuées Qui portent dans leur sein de fécondes ondées.
At first a dusky wreath they seem to rise, Scarce staining ether; but by swift degrecs, In heaps on heaps, the doubling vapour sails Along the loaded sky; and, mingling deep, Sits on th' horizon round a settled gloom : Not such as wintry storms on mortals shed, Oppressing life; but lovely, gentle, kind, And full of every hope and every joy, The wish of nature. Gradual sinks the breeze Into a perfect calm; that not a breath Is heard to quiver thro' the closing woods, Or rustling turn the many-twinkling leaves Of aspin tall. Th' uncurling floods, diffus'd In glassy breadth, seem, thro' delusive lapse, Forgetful of their course. "Tis silence all, And pleasing expectation. Herds and flocks Drop the dry sprig, and, mute-imploring, eye The falling verdure. Hush'd in short suspense, The plumy people streak their wings with oil, To throw the lucid moisture trickling off; And wait th' approaching sign to strike, at once, Into the general choir. Even mountains, vales, And forests seem, impatient, to demand The promis'd sweetness. Man superior walks Amid the glad creation, musing praise, And looking lively gratitude. At last,
The clouds consign their treasures to the fields,
Dans le lointain d'abord c'est un faible cordon Qui teint légèrement le bord de l'horizon; Puis la vapeur s'étend, se noircit, se partage, Amène, par degrés, nuage sur nuage,
Et, les reunissant, en forme dans les airs Un immense rideau tiré sur l'univers.
Non ces crêpes affreux, précurseurs des tempêtes Que l'insalubre hiver amène sur nos têtes," Mais ces voiles légers, aimables, bienfaisans, Qui du ciel sur la terre apportent les présens, Promesse du bonheur, espoir de la nature. La brise par degré plus faiblement murmure, S'amortit, se résout en un calme parfait; L'air devient immobile et l'univers se tait; Nul bruit, nul mouvement; la forêt se recueille Et le tremble a cessé de balancer sa feuille. Sur les rians tapis qui bordent son canal La rivière, épanchant son liquide cristal, Déguise, à l'œil trompé, sa marche nonchalante, Et de son cours douteux lui dérobe la
pente. Silencieux momens d'attente et de desir!
gazon desséché, pâle, prêt à jaunir, Rebute les troupeaux qui, la tête élancée, De leurs regards muets implorent la rosée; L'oiseau même, en suspens, dans le bois retiré, Cimente de son bec son plumage altéré.
Il attend le signal qui va,
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