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Bonjour, mon fils, répond le benin solitaire. » On se parle, on répond, les mots suivent les mots, Et nos deux voyageurs, de propos en propos, L'un de l'autre charmés, font gaîment route ensemble. L'âge les séparait, et le cœur les rassemble. Tel le lierre s'unit à l'ormeau complaisant, Et tel l'ormeau reçoit le lierre caressant.

Le jour tombe, la nuit, en déployant ses voiles
Et son grand mantéau noir tout parsemé d'étoiles,
Ramène à l'univers les heures du repos.

Aux yeux
des voyageurs, soudain, fort à propos,
Un palais se présente : une longue avenue
De peupliers en pointe élancés dans la nue,
De son superbe maître annonce la fierté
Et la splendeur plutôt que l'hospitalité.
Ils arrivent, déjà vingt laquais à livrée. it
Du grand appartement leur ont ouvert l'entrée.
Le maître leur présenté un splendide repas;
La table gémissait sous le luxe des plats.

Puis, avec vingt flambeaux, à travers vingt portiques,
En pompe on les conduit vers des lits magnifiques.
Là, tous les deux couchés sous de superbes dais,
Ils s'endorment, perdus dans des flots de duvets.
Déjà l'aube du jour a blanchi l'atmosphère,
Déjà le doux zéphyr agite le parterre,

Fresh o'er the gay parterres the breezes creep,
And shake the neighbouring wood to banish sleep.
Up rise the guests, obedient to the call;
'An early banquet deck'd the splendid hall;
Rich luscious wine a golden goblet grac'd,
Which the kind master forc'd the guests to taste.
Then, pleas'd and thankful, from the porch they go;
And, but the landlord, none had cause of woe;
His cup was vanish'd; for in secret guise
The younger guest purloin'd the glitt'ring prize.
As one who spies a serpent in his way,
Glist'ning and basking in the summer ray,
Disorder'd, stops to shun the danger near,
Then walks with faintness on, and looks with fear;
So seem'd the sire; when far upon the road,
The shining spoil his wily partner show'd.

He stopp'd with silence, walk'd with trembling heart,
And much he wish'd, but durst not ask to part;
Murm'ring he lifts his eyes, and thinks it hard,
That gen'rous actions meet a base reward.

While thus they pass, the sun his glory shrouds, The changing skies hang out their sable clouds: A sound in air presag'd approaching rain And beasts to covert scud across the plain. Warn'd by the signs, the wand'ring pair retreat, To seek for shelter at a neighb'ring seat, "Twas built with turrets on a rising ground,

Son souffle parfumé, dissipant le sommeil
De toute la nature annonce le réveil.

Le couple voyageur se lève avec l'aurore,
Un brillant déjeûner les attendait encore.
Et, toujours généreux, le maître, de sa main,
Dans une coupe d'or leur sert d'excellent vin.

Comblés de ses bontés, ils s'en vont; et peut-être
Tout vous paraît au mieux; oui, mais pas pour le maître
Qui perd sa coupe d'or : le jeune pélerin,
Adroit escamoteur, en a fait son butin.

Si quelque voyageur voit un serpent sous l'herbe
Se rouler et lever une tête superbe,

Il s'arrête; incertain, tremblant, épouvanté,
Il recule, il avance et marche de côté.
Tel et plus interdit fut le révérend père,
Quand il vit, dans le sac de son jeune confrère,
Briller la coupe d'or. Il tremble, il voudrait bien
S'enfuir, le planter là; pourtant il n'en fait rien.
Cependant en lui-même il trouvait un peu rude
Qu'un bienfait fût toujours payé d'ingratitude.

Le soleil, par degrés, se voile, s'obscurcit,
De nuages épais tout le ciel se noircit;
Un long frémissement, précurseur de l'orage,
De nos deux pélerins interrompt le voyage.
Un seul gîte s'offrait ; c'était un vieux château
Entouré d'un vieux mur et d'un fossé sans eau.
Tout attriste les yeux dans ce séjour barbare ;

And strong, and large, and unimprov'd around; Its owner's temper, timorous and severe, Unkind and griping, caus'd a desart there.

As near the miser's heavy door they drew,
Fierce rising gusts with sudden fury blew :
The nimble lightning mix'd with show'rs began,
And o'er their heads loud rolling thunders ran.
Here long they knock, but knock or call in vain,
Driv'n by the wind, and batter'd by the rain.
At length some pity warm'd the master's breast,
("Twas then his threshold first receiv'd a guest)
Slow creeking turns the door with jealous care,
And half he welcomes-in the shiv'ring pair:
One frugal faggot lights the naked walls,

And nature's fervour through their limbs recals:
Bread of the coarsest sort, with meager wine,
(Each hardly granted) serv'd them both to dine;
And when the tempest first appear'd to cease,
A ready warning bid them part in peace.

With still remark the pond'ring Hermit view'd, In one so rich, a life so poor and rude: And why should such (within himself he cry'd) Lock the lost wealth a thousand want beside? But what new marks of wonder soon took place, In every settling feature of his face!

Son misérable aspect annonce un maître avare :
L'économie aurait embelli la maison,

L'avarice en a fait une horrible prison.

Au manoir du vilain ils arrivaient à peine Que la fureur des vents dans les airs se déchaîne. Sur un pont délabré le jeune homme gaîment S'avance; le vieillard le suit d'un pas tremblant.

Un déluge de pluie aussitôt les inonde ;

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L'air siffle, l'éclair brille et le tonnerre gronde.
Ils frappent, mais en vain; ils sonnent, tout se tait;
Le couple morfondu gémissait, grelottait.
Enfin à la pitié l'avare fut sensible;
Pour la première fois il devint accessible:
Il ouvre, il les reçoit à moitié poliment.
Un fagot de bois vert éclairait sombrement
Un salon décoré de ses quatre murailles.
Point de vins délicats, point d'exquises volailles;
Un pain d'orge grossier, un nectar aigrelet
Composent le repas qu'on leur offre à regret.
Et, sitôt dans l'air on voit cesser l'orage,
L'avare ouvre sa porte et leur dit : «< Bon voyage.»
« Cet homme, dit l'Hermite, est d'un étrange goût:
>> Pour ne manquer de rien, il se prive de tout;
» Pour jouir de son or, il le cache sous terre,
» Et de peur d'être pauvre, il vit dans la misère. »
Mais bien plus étonné fut notre Hermite encor,

que

la

Lorsque son jeune ami

prenant coupe

d'or:

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