Imagens da página
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ne présente pas toujours l'aspect d'une lumière uniq Le point radieux, vu à distance, paraît parfois s'all ger comme un filet vertical, coloré en vert par le ha et en rouge par le bas. Deux boules ou têtes se forme ensuite aux extrémités. Un peu plus tard, le filet brise et l'on aperçoit deux images séparées, l'u au-dessus de l'autre, la supérieure conservant la tein verte qu'elle a comme emportée avec elle, et l'inférieur la couleur rouge 1. Dans cet état des choses, les rayon lumineux parviennent à l'observateur par deux che mins différents. Il y a deux réfractions, puisqu'il y a deux images; mais quelle est la condition des couche atmosphériques qui les produit?

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L'image supérieure peut être regardée comme l'image extraordinaire ». Très-souvent, c'est tout l'horizon qui se soulève ainsi en seconde image, d'une toute petite quantité au-dessus de la première. On ne s'en aperçoit pas aisément, parce que la silhouette inférieure se projetant sur le paysage exhaussé ne se dessine pas convenablement. Mais au moment où le phénomène cesse, l'image supérieure ne s'évanouit pas partout simultanément; il s'y fait des espèces de brèches, tandis que d'autres parties restent debout. Dans les endroits où cette image subsiste, on dirait des tourelles ou des pans de muraille qui couronnent le sol naturel.

J'ai vu souvent, au Texas, ces restes de la silhouette extraordinaire former de simples filets au-dessus du

1 Voyez particulièrement Biot et Arago, Recueil d'observations géodésiques, p. 144 et 175.

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des flots comme Vénus Aphrodite, et s'offrir au regard avec tous ses contours, ses teintes et ses détails 1.

Bien que l'on ne connaisse pas minutieusement les conditions atmosphériques qui causent ces réfractions vigoureuses, on comprend toutefois qu'elles dépendent de la loi des densités des couches. Le physicien reste bien autrement indécis, quand des objets cachés derrière l'horizon se trouvent non-seulement soulevés au point d'être visibles au-dessus des collines, mais viennent se placer devant ces collines mêmes, quoiqu'ils soient derrière elles en réalité.

Peut-être une critique sévère aurait-elle le droit de récuser l'observation de ces images de cavaliers, passant en l'air entre le spectateur et les montagnes, qu'on prétend avoir faite en Écosse 2. Mais l'observation de Vince à Ramsgate semble bien difficile à contester. De cette station, l'astronome anglais regardait la colline qui couvre Douvres, et sur laquelle le vieux château, d'origine romaine, occupe le flanc postérieur, c'est-àdire celui qu'il ne pouvait pas voir. Eh bien, le jour dont nous parlons, le château se dessinait, avec ses constructions, sur le côté antérieur de l'éminence, comme si la vue eût été libre pour l'apercevoir ".

1 Cette observation est dans les Philosophical transactions, 1798.

2 Brewster, Letters on natural magic, let. VI.

L'observation de Vince est du 6 août 1806. Ayant eu loccasion de visiter cette localité en 1851, j'ai pu me rendre compte des conditions de terrain, ainsi que de l'étrangeté de l'appari tion. Il est bon de dire cependant que le château de Douvres, bien que situé sur la face postérieure de l'éminence par rapport à Ramsgate, n'est pas bien éloigné du sommet.

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Que les images soient un peu moins nettes, moins définies, ce qui sans doute, dans ces réfractions extraordinaires, arrive plus souvent que la conservation du dessin, et nous verrons, devant les collines et les montagnes, des formes vagues et méconnaissables, dont le rêve fera ce qu'il voudra. C'est peut-être ainsi qu'on a cru à ces hommes et ces chevaux, défilant en l'air, dont nous parlions tout à l'heure. Rien n'est plus facile qu'habiller, si l'on peut s'exprimer ainsi, une image confuse. Ainsi, à la première aube du jour, l'albente cœlo de César 1, les objets à peine éclairés paraissent vagues; nous jugeons mal de leurs distances et, par suite, de leurs proportions. Combien alors il est aisé d'y trouver ce que l'on imagine! C'est à ce moment que Buffon se représentait, pour ainsi dire à volonté, des dragons, des géants et des fées, dans les massifs d'arbustes et les bosquets du parc de Montbard 2.

Alors aussi, à cause de l'obscurité, la pupille est élargie; l'accommodation de l'œil aux distances des objets est en conséquence plus lente et plus difficile. Les images étant confuses sont agrandies, et, par suite de cet agrandissement, encore affaiblies. Les couleurs, qui ne se voient bien qu'avec une vive lumière, manquent à la peinture des objets. Tout nous paraît blanchâtre ou gris. Aussi l'opinion vulgaire nous représente-t-elle les fantômes comme des masses blafardes, ou des corps recouverts soit d'un drap, soit d'un linceul.

Lorsqu'on parle d'un fantôme noir, c'est au contraire

1 César, Commentarii de bello civili, lib. I, cap. 68.

2 Dans les Mémoires de l'Académie des sciences (de Paris), 1743.

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qu'il est causé par une ombre. Tel est le cas du « spectre du Brocken, » qui a longtemps fait la terreur des paysans du Harz. Du sommet de la montagne on voit parfois, au lever du soleil, un ou plusieurs personnages, debout dans les nuages d'alentour. Gmelin eut le bonheur de l'observer un matin; comme le vent emporta son chapeau et qu'il leva vivement la main pour le retenir, le spectre répéta ce mouvement, ce qui lui fit découvrir qu'il s'agissait simplement de l'ombre du spectateur, projetée sur le brouillard lointain 1. Edens aperçut un jour, du sommet du Pic de Ténériffe, l'ombre de la montagne qui se projetait, au lever du soleil, nonseulement sur l'île et sur la mer, mais aussi sur le ciel 2. Au reste, quand nous marchons avec une lanterne au milieu d'un brouillard épais, nous distinguons aisément notre ombre, portée sur la matière du brouillard, à quelques pas de nous.

§ 9. SCINTILLATION.

C'est aux réfractions que se rattache le tremblement des images, tel qu'on l'observe dans les plaines fortement échauffées, et au-dessus d'un poêle ou d'une chaudière à vapeur. On voit en apparence les objets danser. Cette trémulation a quelque chose de caractéristique, et peut devenir assez intense pour rendre la vision

1 Gmelin a donné l'explication du spectre du Brocken dans le Göttingischen Journal der Wissenschaften, Bd. I (1798), Abth. 3 2 Laharpe, Abrégé de l'histoire générale des voyages, t. I,

p. 177.

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