On peut s'étonner que les poëtes aient négligé un phénomène si magnifique, si suggestif, et que tant de personnes ont eu l'occasion de connaître et d'admirer. Ils ont décrit la mer; mais, si l'on peut employer cette expression; ils ne l'ont pas décrite allumée. Le palais transparent de Thétis, dépeint par Ovide 1, est revenu ensuite par imitation dans les poëtes modernes inspirés des images classiques. Toutefois ce n'étaient plus que des copies. Göthe seul a allumé ce palais 2.

§ 11. IMAGES DIMINUTIVES.

A côté des images qui donnent une idée de la grandeur, en recourant aux vastes champs de la nature et à la profusion des êtres qui les peuplent, il faut placer celles qui emploient les diminutifs. On représente alors le monde par la fourmilière. Comme d'ailleurs on embrasse facilement celle-ci d'un coup d'œil, les images diminutives sont simples, et pourtant en même temps pleines d'effet. Elles ont un charme particulier, en nous permettant, pour ainsi dire, de peser le grand par le petit et comme dans la main. C'est le petit poids si aisément maniable de la balance romaine, qui tient en équilibre les plus pesants fardeaux.

Il y a, par exemple, une image non-seulement explicative, mais aussi philosophique, lorsque Göthe compare la Terre à la bille de verre bigarré avec laquelle jouent

1 Ovide, Métamorphoses, lib. XI, v. 217.

2 Göthe, Faust, Th. II, Abschn. 3 et 4.

les enfants. Elle tourne sans cesse sur elle-même, et pourrait à tout instant se briser 1.

La représentation de notre globe par une boule paraît avoir été surtout en faveur parmi les poëtes de la péninsule Ibérique. Dans Ercilla, la Terre n'est pas plus grosse qu'une pomme, et se soutient en l'air sans support 2. Camoëns voit dans une boule le système du monde tout entier. Parmi les poëtes allemands, Klopstock nous représente les différents mondes réduits par l'éloignement et par la grandeur de l'espace où ils sont plongés : ce sont comme des grains sur lesquels rampent des vers microscopiques. Au reste, l'idée première est dans Homère, qui fait du bouclier d'Achille une sorte de microcosme".

Une des plus belles images diminutives est celle dans laquelle Milton montre les démons, convoqués au con

1 Göthe, Faust, Th. I, Abschn. 6 :

Das ist die welt;

Sie steigt und fällt
Und rollt beständig!
Sie klingt wie Glass;

Wie bald bricht das?

Le général Barnard, des États-Unis, partant d'une notion scientifique, comparait un jour la Terre à une balle de caoutchouc remplie de plomb fondu (American scientific Association, 1873).

2 Ercilla, La Araucana, cant. XXIII, v. 537-544 et 601. La même comparaison est reprise avec plus de détails, cant. XXVII, v. 25 et suiv.

Camoëns, Os Lusíades, cant. X, est. 79.

4 Klopstock, Messias, Ges. I, V. 198. 5 Homère, Ilias, lib. XVIII.

seil de Satan, où ils se font représenter par des députés qui affluent comme des essaims d'abeilles, et, de géants qu'ils étaient n'ont plus que la taille des nains 1. On voit ici le tableau du graud se réduire à des proportions resserrées, et pourtant les nombres foisonnent. Il y a même l'idée de deux degrés, ces essaims d'insectes n'étant composés que des délégués des groupes, qui sont plusieurs milliers de fois plus nombreux.

Dans la nature, l'exemple le plus frappant du microcosme, c'est probablement la fourmilière. Là se présente une réunion compacte d'individus, formant une société. Il existe une demeure commune, pourvue de plusieurs issues, et subdivisée à l'intérieur pour différents usages. Dans une salle sont les œufs, dans une autre les jeunes qui ne sont pas encore en état de sortir et qui reçoivent la pâture, enfin dans une troisième les nymphes qui reposent engourdies dans leur coque, et qui sont tenues soigneusement à l'abri des atteintes de l'eau et des changements brusques de température 2.

La population de troglodytes qui habite ces nids est divisée en plusieurs classes ou castes. Il y a quelquefois trois classes distinctes d'ouvrières, qui diffèrent entre elles par certains traits de la structure physique, et qui s'attachent à des occupations différentes. La plus simple observation suffit pour faire découvrir dans l'activité de ce petit monde un mélange d'initiative individuelle et d'action publique, qui rappelle étroitement ce qui se passe parmi les hommes. Dès le matin, aussitôt que le jour reparaît, les portes du nid sont

1 Milton, Paradise lost, bk. I, ap. fin.

'Huber, Recherches sur les mœurs des fourmis, p. 82.

déblayées, et tout ce peuple vaque à ses affaires, dans les chemins tracés par lui-même et dans les buissons d'alentour. Il va, il vient, se saluant, s'interrogeant, se renseignant par signes 1; car aussitôt qu'une trouvaille de quelque valeur a été faite, la foule s'y porte, et s'empare de l'objet à force de bras, si j'ose ainsi parler, comme les Égyptiens traînaient les pierres pour bâtir leurs immenses monuments.

Il ne règne pas moins d'activité à l'intérieur du nid qu'au dehors. Le fourmis tiennent captifs dans leurs galeries de petits insectes, des clavigères, et des aphis, qu'elles soignent comme nous le ferions d'un bétail. Les aphis ou poux de plantes leur donnent une sécrétion sortant de deux petits tubes, qui est comme le lait de ces troupeaux, et que les fourmis leur enseignent à livrer quand elles les touchent de leurs antennes, de la même manière que nous enseignons à nos vaches à se laisser traire. D'autres troupeaux d'aphis, appartenant à des espèces qui vivent au grand air, sont soignés et visités sur les rosiers et les pommiers du voisinage, comme le bétail des Alpes suisses par les habitants du Valais.

Puis, si quelque difficulté survient entre deux nids différents, soit à cause de ce bétail, soit pour quelque autre raison, les troupes se lèvent, les armées s'apprêtent, et bientôt un combat commence, dans lequel les insectes ne le cèdent pas, pour les exemples de froid dévouement et de courage, aux combattants les plus héroïques de l'espèce humaine. Les mouvements de ces

1 Kirby et Spence, Introduction to entomology, let. xvij.

multitudes dénotent alors autant de concert que ceux des armées de barbares. Les renforts se portens pendant l'action sur les points faibles, et si la necess l'exige, des messagers courent au nid appeler Tarmerer ban. La lutte se prolonge souvent toute la journee Le soir, chacun relève ses morts et les emporte. On one de soulager les blessés en mettant de la sa..74 1 leurs plaies 1. Puis tout rentre dans les hab. tes trinaires; et la société n'offre plus que le modele fie activité plus ou moins réglée, avec une certaine pation en pure perte de forces individuelles. de mar ches, de contre-marches et de travail.

Plus on poursuivrait cet examen dans sa de plus on serait frappé des ressemblances are essen de barbares, surtout avec celles encore sonra la simple base des tribus. Ainsi il y a des four font des esclaves, en allant vcier ces ser.na un nid voisin 2. Il y a, au milieu de cea scena tes, des écarts individuels, comme parmi le des paresseux et des réfractaires. La pest wom exercent ce qu'on pourrait appeler dea meten..! D'autres ont leur tour pour mon a garde

On se demande comment il sert paskyrus les analogies plus loin.

"

Mais, soit par suite de la parem towers régnait dans les siècles pava, was yo

1 Latreille, dans les Merk *** relle, t. III.

2 Latreille, dans le volume do Hyun, Marhat *

mœurs des fourmis, p.; Janas, Hamburgteres, VA

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Huber, op. cit., p. 74.