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monde différent dont il nous ouvre l'accès, et pour lequel nous avions jusque-là les yeux fermés. Puis, à côté de cet ensemble de notions sérieuses, nous reconnaissons bientôt que le sauvage s'est élevé tout un édifice de notions fausses et de superstitions, qui achèvent de remplir l'espace assigné.

Sans aller si loin, si nous voulons étudier un instant, dans nos villes ou dans nos campagnes, ces ignorants que l'homme lettré traite avec un dédain si profond, nous découvrirons qu'il n'en est pas un qui, dès le premier quart d'heure, n'ait plusieurs choses à nous apprendre. Je ne parle pas de ces choses qu'on enseigne à l'école, mais de faits relatifs au genre d'existence de l'individu ou au métier qu'il exerce. Celui que nous appelons un ignorant a toujours fait mille remarques, recueilli mille observations, sur des sujets que l'homme des arts libéraux néglige. Puis, comme il lui restait de la place à remplir, et souvent beaucoup, il a réuni dans son magasin une collection immense de préjugés et de connaissances factices, qui tiennent la place de connaissances exactes, et qui ne sont pas la partie de son fond auquel l'homme inférieur s'attache le moins.

Car, il faut le remarquer, l'enfant, le sauvage, l'ignorant ne font guère de distinction entre la partie exacte et la partie fictive des notions. Placés dans la nature, qui se révèle à leurs sens, ce n'est pas sur cette nature telle qu'elle est que se modèlent invariablement leurs conceptions, mais c'est aussi d'après une nature telle qu'ils l'imaginent. Il y a donc, en réalité, non pas un réservoir, mais deux d'un côté, une sorte de photographie de ce qui existe, et de l'autre, une peinture ou

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de choses altérées ou même de choses qui n'existent pas. Plus un des réservoirs est rempli, plus naturellement il empiète sur l'autre. Avec une somme peu différente de notions, l'individu, suivant son instruction et sa capacité, penche vers le réel ou vers le factice, comme s'il s'agissait d'une balance toujours chargée du même nombre de poids, mais dans laquelle ces poids changeraient de plateau.

§ 2. DEUX FLEUVES DE NOTIONS.

L'étude de la nature consiste justement à former cette photographie de ce qui existe, où tout est conforme au modèle et en suit les vraies proportions. Elle consiste à circonscrire cette photographie au milieu de l'ensemble des images; elle s'applique à la faire ressortir sur ce qui n'est que vague et fallacieux. L'étudiant du monde réel ne doit donc pas oublier un seul instant que les notions, dans notre intellect, sont de deux espèces différentes. Nous les voyons couler comme deux grands fleuves, que j'appellerai, pour éviter les périphrases, l'un le rêve et l'autre la réalité.

Le besoin de savoir est tel dans notre nature, l'espace préparé pour recevoir les notions a une telle étendue, qu'à défaut de faits réels, nous construisons un édifice fantastique, élevé parfois sur les bases les plus frêles et les indices les plus trompeurs. Lorsque les sciences étaient peu avancées, on n'avait guère de moyens de se satisfaire; on était donc d'autant plus prompt à recourir à l'imagination. Si les anciens Égyptiens représentaient la nature sous la figure d'une

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Tout en souriant de ces écarts, sommes-nous bien certains de n'avoir pas mis tout simplement une autre face sur le faux tableau? N'oublions pas que c'est le propre de chaque siècle de n'avoir point conscience des erreurs communes. On ne peut excepter de ce jugement que quelques hommes, qui poussent plus avant que les autres la critique et la discussion. Le nombre de ces esprits sévères et chercheurs va sans doute toujours en augmentant. Mais, pour compter, parmi les « voyants », il y a tout un travail qu'il faut avoir le courage de faire. Les deux fleuves de notions, si intimement mêlés dans l'antiquité et dans le moyen âge, ne sont pas encore aussi nettement séparés qu'on se plaît à l'imaginer. Leurs eaux, comme celles de ces rivières qui descendent de montagnes distinctes et qui ont des teintes différentes, viennent souvent se réunir, comme l'Arve et le Rhône, dans un même canal. Et si elles coulent chacune le long d'une rive sans d'abord se mêler, plus loin cependant elles se confondent, et la pureté du fleuve est troublée pour le reste de son cours.

C'est, au contraire, une des plus grandes difficultés dans l'étude de la nature, aujourd'hui comme au temps d'Aristote et d'Hipparque, comme à celui d'Albert le Grand et de Roger Bacon, comme à celui de Linné et de Newton, de rester dans les strictes limites du réel, et de se défendre du rêve. Une foule d'exemples viendront tout à l'heure l'attester. On aperçoit là, dans notre enseignement scientifique, une lacune d'une véritable importance. Nos maîtres n'insistent pas assez sur les caractères trompeurs du rêve, et ne pénètrent pas suffisamment leurs auditeurs de la ressemblance étroite

qu'il offre avec le réel. Ils n'ont pas de place, dans leurs programmes, pour l'histoire instructive des déceptions. Je voudrais que ce petit livre pût présenter, sous un jour plus complet, à ceux qu'attire l'étude de la nature, les caractères de la tâche à laquelle ils vont s'appliquer. Puissé-je augmenter par là le charme de leurs travaux, et rendre à la fois leurs premiers pas plus certains, et leurs progrès plus importants et plus rapides?

§ 3. DIVISION DE LA PREMIÈRE PARTIE.

Quelque simple et clair que nous paraisse un phénomène, lorsque nous en lisons la description dans un livre, ou quand nous le voyons dans une salle de cours, il n'est pas une observation, surtout une observation originale, qui soit sans difficulté. Nous avons à faire usage de nos sens, et ceux-ci non-seulement sont bornés, mais ils sont sujets à une foule d'illusions et d'erreurs, contre lesquelles il est essentiel de se prémunir. La vue nous présente simplement un tableau, qu'il faut apprendre à expliquer. Le toucher, l'ouïe, l'odorat sont parfois imparfaits et vagues. Sans traiter dans toute son étendue le sujet des illusions physiques, nous prendrons dans ce vaste champ certains exemples qui renferment un enseignement particulier ou qui ont un intérêt historique.

Mais dans quelle erreur profonde serait celui qui s'imaginerait que tout est dit, lorsqu'il s'est mis en garde contre les illusions de ses sens et de ses instruments! Il lui reste une tâche bien plus délicate à ac

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