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ment pour l'interêr des pauvres, mais pour notre intérêt propre; nous voulons que vous donniez par des princi. pes, qui repondent à ces vûes. En donnant vos Aumônes, donnez vos efprits, donnez vos coeurs. Confiez à Jefus Chrift, non feulement cette petite portion de vos biens, mais confiez lui votre corps, votre falut, afin de pouvoir dire à l'heure de la mort: Je-fçai à qui j'ai crû, je fuis perfuadé qu'il eft puiffant, pour garder mon depôt jusqu'à ce jour-là *). Amen. Dieu nous en faffe la grace. A lui, au Pere, au Fils, et au S. Efprit, foit honneur et gloire à jamais. Amen.5)

*) 2 Tim. 1. 12.

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Massilloin. 06

Jean Baptiste Massillon, geb. zu Hieres in der Provence, 1663; geft. als Bischof au Clermont, 1742. Man giebt diefem bes rühmten Kanzelredner gewöhnlich mit Bourdalone gleichen Nangŝ vergleicht diesen lehteen mit dem Demosthenes, und, den erstern mit dem Cicero; oder jenen mit dem Corneille, diesen mit dem Racine. Im Ganzen aber möchte er wohl allen Kanzelrednern feiner Kirche den Vorrang freitig machen. Denn eben seine Freis heit vom Streben nach erhabnen und auffallenden Zügen, seine Bemühung, überall auf Herz und Empfindung zu wirken, sein rubiger, aber doch belebter und cdler Gang, mit dem er das Ziet seiner Vorträge unablässig verfolgt, und am Ende glücklich erreicht, gewinnen ihm noch jest den Beifall und die Liebe seiner Leser faft eben so sehr, wie ebedem seiner Zuhörer. Seine Kenntniß des Herzens war gewiß sehr groß, sehr fein und treffend; daher die meisterhaften Sittengemälde in seinen Reden, deren Zweck übers haupt mehr auf die Erweckung edler und frommer Gesinnungen, als auf theoretische Belehrung, gerichtet ist. Seine Fastenpredigs ten sind in einer zwiefachen Sammlung, Le Carême, und Le Petit Carême erschienen. Die in der legtern enthaltnen Predigten werden für seine Meisterstücke gehalten; aber ihr Vortrag scheint mir minder natürlich, und mehr gesucht zu seyn, als in den erstern. Hier ist der Beschluß der Predigt, von dem Gebrauch der Zeit, über die Worte, Job. VII, 33. „Ich bin nur noch eine kleine Zeit bei euch."

Grand Dieu, pourquoi nous laissez-vous fur la terre, que pour meriter votre poffeffion éternelle? Tout ce que nous faifons pour le monde périra avec le monde;

tout

P

tout ce que nous faifons pour vous fera immortel; tous les foins d'ici- bas ont pour objet des maitres souvent ingrats, injuftes, difficiles, impuiffans du moins, et qui ne peuvent nous rendre heureux: les devoirs que nous vous rendons, nous les rendons à un Maitre et à un Seigneur fidèle, jufte, mifericordieux, tout- puisfant, et qui feul peut récompenfer ceux qui le fervent; les foins de la terre, quelque brillans qu'ils puissent être, nous font étrangers; ils ne font pas dignes de nous; ce n'est pas pour eux que nous fommes faits; nous devons feulement nous y prêter en paffant, pour fatisfaire aux liens paffagers qui les exigent de nous, et qui nous lient aux autres hommes; les foins de l'éternité tout feuls font dignes de la noblesse de nos espérances, et remplissent toute la grandeur et toute la dignité de notre destinée. Bien plus, ô mon Dieu! fans les foins du falut, tous les autres font prophanes et fouillés, ce ne font plus que des agitations vaines, ftériles, presque toujours criminelles; les foins du falut tout feuls, les confacrent, les fanctifient, leur donnent la réalité, l'élévation, le prix et le mérite qui leur manque. Que dirai-je encore? Tous les autres foins nous déchirent, nous troublent, nous inquiétent, nous aigriffent; mais les devoirs que nous vous rendons, nous laissent une joie véritable dans le coeur; nous foutiennent, nous calment, nous confolent, et adouciffent même les peines et les amertumes des autres. Enfin, nous nous devons à vous, ô mon Dieu! avant que d'être à nos inaitres, à nos inférieurs, à nos amis, à nos proches: c'eft vous qui avez les premiers droits fur notre coeur et fur notre raifon, qui font les dons de votre main libérale: c'est donc pour vous premiérement que nous devons en faire ufage; et nous fommes Chrétiens avant que d'être Princes, fujets, hommes publics, ou quelque autre chose fur la terre.

Vous nous direz peut-être, mes Frères, que vous croyez, en rempliflant les devoirs pénibles et infinis attachés à votre état, fervir Dieu, remplir toute juftice, et travailler à votre falut: j'en conviens; mais il faut remplir ces devoirs dans la vûe de Dieu, par des motifs de foi, et dans un efprit de religion et de piété." Dieu ne compte que ce qu'on fait pour lui: il n'accepte

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de nos peines, de nos fatigues, de nos affujettissemens, de nos facrifices, que ceux qui sont offerts à sa gloire et non pas à la notte; et nos jours ne font pleins a les yeux, que lorsqu'ils font pleins pour l'éternité. Toutes les actions qui n'ont pour objet que le monde, que l'éclat qui vient de la terre, qu'une fortune périflable, quelques louanges qu'elles nous attirent de la part des hommes, à quelque dégré de grandeur, de reputation, qu'elles nous élévent ici bas, ne font rien de vant lui, ou ne font que des amufémens pueriles indignes de la majesté de ses regards,

Ainfi, mes Freres, que les jugemens de Dieu font différens de ceux du monde! On appelle une belle vie dans le monde une vie éclatante où l'on compte de grandes actions, des victoires remportées, des negocia tions difficiles conclues, des entreprifes conduiles avec fuccés, des emploits illuftres foutenus avec réputation, des dignités éminentes acquises par des fervices impor tans, et exercées avec gloire; une vie qui palle dans les hiftoires, qui remplit les monumens publics, et dont le fouvenir le confervera jusqu'à la derniere pos térité; voilà une belle vie felon le monde, Mais fi dans tout cela on a plus cherché la gloire propre que la gloire de Dieu; fi l'on n'a eu en vûe que de le bâtir un édifice périffable de grandeur fur la terre, en vain a-t-on fourni une carriere éclatante devant les hommies: devant Dieu c'eft une vie perdue: en vain les hiftoires parleront de nous; nous ferons effacés du livre de vie et des hiftoires éternelles: en vain nos actions feront l'admiration des fiécles à venir; elles ne feront point écrites fur les colonnes immortelles du Temple célefte: et in fcriptura domûs Ifraël non fcribentur *): en vain nous jouerons un grand rôle fur la scene de tous les fiécles; nous ferons dans les fiécles éternels comme ceux qui n'ont jamais été: en vain nos titres ét nos dignités, fe conserveront fur le marbre et fur le cuivre; comme ce fera le doigt des hommes qui les aura écrites, elles périront avec eux; et ce que le doigt de Dien tout feul aura écrit, durera autant que lui-même: en vain

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notre vie fera propoféé comme un modèle à l'ambition de nos neveux; comine elle n'aura de realité que dans les paffions des hommes, dès qu'il n'y aura plus de paffions, et que tous les objets qui les allument feront anéantis, cette vie ne fera plus rien, et retombera dans le neant avec le monde qui l'avoit admirée.

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Car de bonne foi, mes Frères, voudriez-vous que dans ce jour terrible, où les juftices elles-mêmes feront jugées, Dieu vous tint compte des toutes les peinés, de tous les foins, de tous les dégoûts que vous dévorez pour vous élever fur la terre? qu'il regardât comme un tems bien employé, le tems que vous avez facrifié au monde, à la fortune, à la gloire, à l'éléva tion de votre nom et de votre race, comme fi vous n'étiez sur la terre que pour vous mêmes? qu'il mit au nombre de vos oeuvres de falut celles qui n'ont eu que l'ambition, l'orgueil, l'envie, l'intérêt pour prin cipe, et qu'il comptât vos vices parmi vos vertus?

Et que pourrez-vous lui dire au lit de la mort, lorsqu'il entrera en jugement avec vous, et qu'il vous demandera compte d'uu tems qu'il ne vous avoit donné, que pour l'employer à le glorifier et à le servir? Lui direz-vous: Seigneur, j'ai remporté des victoires! j'ai fervi utilement et glorieulement le Prince et la pa trie, je me fuis fait un grand nom parmi les hommes? Hélas! vous n' avez pas fù vous vaincre vous inême: vous avez fervi utilement les Rois de la terre, et vous avez méprifé le service du Roi des Rois: vous vous êtes fait un grand nom parini les hommes, et votre nom eft inconnu parmi les Elus de Dieu: tems perdu pour l'éternité. Lui direz vous: j'ai conduit des négociations penibles: j'ai conclu des traités importans: j'ai ménagé les intérêts et la fortune des Princes: je fuis entré dans les fecrets et dans les confeils des Rois? Hélas! vous avez conclu des traités et des alliances avec les hommes, et vous avez violé mille fois l'alliance fainte que vous aviez faite avec Dieu: vous avez inénagé les intérêts des Princes, et vous n'avez pas fu ménager les intérêts de votre falut: vous êtes entré dans le fecret des Rois, et vous n'avez pas connu les fecrets du Royaume des Cieux: tems perdu pour

l'éter

Péternité.

Lui direz-vous : Toute ma vie n'a été qu un travail et une occupation pénible et continuelle? Helas! vous avez toujours travaillé, et vous n'avez rien fait pour fauver votre ame: tems perdu pour I'éternité. Lui direz-vous: j'ai établi mes enfans: j'ai élévé mes proches: j'ai été utile à mes amis: j'ai augmenté le patrimoine de mes pères? Hélas! vous avez laillé de grands établissemens à vos enfans, et vous ne leur avez pas laiflé la crainte du Seigneur en les élévant et les établissant dans la Foi et dans la pieté: vous avez augmenté le patrimoine de vos pères, et vous avez diffipé les dons de la grace et le patrimoine de Jefus Chrift. tenis perdu pour l'éternité. Lui direzvons: J'ai fait des études profondes, j'ai enrichi le public d'ouvrages utiles et curieux: j'ai perfectionné les l'ciences par de nouvelles découvertes; j'ai fait valoir mes grands talens et les ai rendu utiles aux hommes? Hélas! le grand talent qu'on vous avoit confié étoit celui de la foi et de la grace, dont vous n'avez fait aucun ufage: vous vous êtes rendu habile dans les sciences des hommes, et vous avez toujours ignoré la fcience des Saints: tems perdu pour l'éternité,

Lui

direz-vous enfin; J'ai passé la vie à remplir les devoirs et les bienséances de mon état: j'ai fait des amis: j'ai fù plaire à mes maîtres? Hélas! vous avez eu des amis fur la terre, et vous ne vous en êtes point fait dans le Ciel: vous avez tout mis en oeuvre pour plaire aux hommes, et vous n'avez rien fait pour plaire à Dieu: tems perdu pour l'éternité.

Non, mes Frères, quel vuide affreux trouveront la plupart de ces hommes, qui avoient gouverné les Etats et les Empires; qui fembloieut faire mouvoir l'univers entier; qui en avoient rempli les premieres places; qui faifoient tout le fujet des entretiens, des craintes, des défirs, des espérances des hommes; qui occupoient presque feuls les attentions de toute la terre; qui por toient tout feuls le poids des foins et des affaires publi ques; quel vuide affreux trouveront ils dans toute leur vie au lit de la mort! tandis que les jours d'une ame fainte et retirée, qu'on regardoit comme des jours obfcurs et, oifeux, paroitront pleins, occupés,

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