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Rois, fes fentimens et les actions le rendent le plus grand des hommes. Ces Provinces conquifes, ces defordres banis, ces Loix rétablies, ces Arts floriffans, ces Lettres que vous cultivez avec tant de fuccés, honorées de fes foins et de fon eftime, ce courage fi actif dans les expeditions militaires, cette fagelle fi éclairée dans fes confeils, cette vigilance fi attentive dans la multitude des affaires, ne font - ce pas des matieres qui peuvent combler de gloire ceux qui les traitent?

Je connois vôtre modeftie, Meffieurs, et il me Temble que vous me dites que la vertu heroïque étant au dessus des loix et des maximes ordinaires, elle a certains excés glorieux qui l'élevent au deflus des paroles et des imaginations communes. Il eft vray qu'il y a une grandeur naturelle où l'art ne fçauroit atteindre, que l'éloquence ne peut exprimer tout ce que la valeur peut faire, qu'elle trouve des actions plus nobles et plus hardies que ces figures, qu'elle a l'adreffe de relever les petites chofes, mais qu'elle a le malheur de fuccoinber fous les grandes, et que pour travailler à la gloire d'un heros, l'orateur le plus éloquent s'expose souvent à perdre la fienne.

Mais je fçay que comme il y a des ames élevées qui fe portent aux grandes actions, il y a des esprits. choifis qui fçavent donner de grandes louanges, qui = font éclairez dans leurs jugemens, folides dans leurs raifons, agreables dans leurs discours, jufte dans leurs expreffions, qui font enfin ce que vous êtes. Pour moy qui me trouve aujourd'huy dans les mêmes engagemens, et qui n'ay pas reçû du ciel les mêmes fecours, j'espere que la grandeur même du deffein fuppléera à la foibleffe de mon genie. Dans les autres éloges les actions font foutenues par l'éloquence, dans celuy-cy l'éloquence eft foûtenue par les actions, l'esprit fort en quelque façon de luy - même et s'éleve avec fon fujet, et fans emprunter des couleurs et des beautez étrangeres, une fi grande matiere eft elle-mème fon

ornement.

Que fi la protection du Prince vous eft fi glorieuse, j'ofe dire, Meffieurs, qu'en vous protegeant il fe fait honneur à luy-même, et que le foin qu'il prend de Nn3

vôtre

vôtre repos contribue à sa propre gloire. S'il fçait l'art de regner et de conquerir, vous fçavez l'art d'écrire Ton regne, et de faire admirer les conquêtes: et où peut-il trouver que dans vos ouvrages l'immortalité que fes grandes actions luy ont meritée ?

Les statues érigées dans les places publiques, les infcriptions gravées fur des colonnes, les trophées élevez fur un champ de bataille, les furnoms empruntez des Villes ou des Provinces conquifes, font de glorieux monumens qui conservent la reputation et la memoire des Princes; mais outre que ce ne font que des éloges muets, des titres vuides et des réprefentations imparfaites, il ne peuvent être qu'en peu de lieux, et ne durent que peu de fiecles. Le temps consume les metaux les plus durs, efface les caracteres les mieux gravez. et renverfe les plus beaux trophées.

Il n'y a que les ouvrages de l'esprit qui puiffent donner une veritable gloire. Ils tiennent de la nature et de l'excellence de leur principe, et font presque auffi vifs et auffi immortels que l'esprit même qui les a produits: ils recueillent tous les mouvemens du coeur et de l'ame des Heros: ils en forment de vives images qui excitent partout l'eftime et l'émulation; et pallent de memoire en memoire jusqu'à la derniere posterité, ils leurs font comme un triomphe perpetuel par tous les climats et dans tous les fiecles.

Auffi lorsque le Roy prêt à marcher à la tête de fes armées le déclara vôtre Protecteur, je comptay parmy fes prosperitez la grace qu'il vous avoit faite. Je crus dés lors que le Ciel qui le deftinoit à punir l'orgueil et à rétablir les Autels, vous avoit destinez à louer fa valeur et la pieté et que le même feu qui alloit animer fon courage, devoit animer vôtre zele.

En effet, Meffieurs, qui peut découvrir mieux que vous toutes les fources de cette guerre? Qui peut donner plus d'horreur de l'infolence de ces peuples qui violoient impunément la foy des Traitez, et qui foûlevoient par des negociations fecrettes toutes les Cours de l'Europe contre un Roy à qui ils n'avoient rien à reprocher, fi non qu'il leur avoit paru trop puissant? Ne pouvant décrier les actions d'un Prince fi jufte, ils tâ choient de rendre les intentions fuspectes: ils s'eri geoient

geoient en arbitres de la paix et de la guerre, et ne pouvoient s'accoûtumer ni à craindre la colere des Rois, ni à reconnoître leurs bienfaits: ils s'élevoient enfin contre leurs Alliez comme ils s'etoient foulevez contre leurs Maîtres, et donnant le nom de politique à leur perfidie, ils croyoient pouvoir le maintenir par l'ingratitude, comme ils s'étoient établis par la revolte.

Une ame moins élevée que la fienne eût fuivi l'impetuofité de fon reffentiment, et faifant servir tout fon pouvoir à l'éclat de fon indignation, elle eût immolé à sa haine ou à fa vengeance tout ce qui attaquoit fa reputation ou la grandeur; mais ce Prince moderé a vû croître l'orgueil de fes ennemis fans s'émouvoir et fans se plaindre, et par une espece de fiere clemence tenant la foudre fuspendue, il a inéprifé pendant trois ans leurs infolentes railleries.

Vous feuls, Meffieurs, pouvez exprimer noblement ce temperament héroïque de puillance fans orgueil, de fierté fans emportement, de reffentiment fans aigreur, de juftice fans paffion, de prudence fans foibleffe, de valeur fans témerité.

Toute la pofterité le verra dans vos ouvrages comme nous l'avons vû, pourvoyant à tout fans interrompre fon repos, réglant les mouvemens de toute l'Europe fans le mouvoir, agillant fans relâche et toutefois fans empressement: préfidant aux agitations du monde, et jouïllant de fa propre tranquillité. On eût dit qu'il ne pensoit qu'à fe repofer dans ces Palais enchantez, où l'art a mis toutes les graces de la nature. Cependant il mêloit ses soins avec les divertiffemens et même en se délaffant il effaçoit les mauvaises impreffions qu'on avoit données de fa puiflance; il retenoit fes voifins, tant par la crainte de fes armes, que par l'admiration de les vertus; il rompoit ces ligues qu'on croyoit éternelles, et il ôtoit l'alliance de tous les Princes à ceux qui n'avoient pas affez reveré la fienne.

Mais lorsque la vengeance a été non feulement julte, mais encore neceffaire, avec quelle ardeur est-il allé partager les fatigues et les dangers mêmes de la guerre avec les moindres Officiers de les armées? Quelques-uns ont crû que la fageffe étoit la vertu des Rois et que la valeur n'étoit que la vertu des particuliers;

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que

que c'étoit un droit de la Roiauté de jouïr du fruit des victoires, et de laiffer à d'autres la peine de vaincre, qu'un Prince devoit être immobile dans le centre de fon empire, fans commettre la reputation à la fortune des armes; qu'il fuffifoit qu'il le refervat le cominandement et l'autorité et qu'il fit mouvoir de loin tous les refforts de la guerre.

Notre Heros ne connoît pas cette timide politique. Pour affermir le repos de fes peuples, il va combattre luy-même ceux qui le troublent. Il croit que c'est une juftice qu'il doit à fes fujets, que de leur montrer le chemin de l'honneur, de reconnoître leur valeur, par luy-même et de recompenfer le merite après en avoir été le témoin. Il fçait que les yeux du Prince répandent je ne fçay quelle influence de courage et d'ardeur dans les armées, et que ces grands corps font d'au tant plus forts et plus agiflans, qu'ils reçoivent de plus prés les impreffions de leurs mouvemens et de leur force. Il connoit enfin que ce n'eft pas tant la pompe et la majesté qui fait les Rois, que la grande et la fuprême vertu; qu'il y a un honneur qu'ils fe doivent à eux-mêmes, et qu'on ne fçauroit jamais leur rendre, et que leur veritable gloire eft celle qu'ils vont chercher jusques dans fon principe par les travaux et par les difficultez qui l'environnent.

les

Que n'ay-je, Meffieurs, la delicateffe, la facilité, le tour d'esprit de celuy de qui j'ay l'honneur de remplir la place, pour décrire les marches d'armées, prifes des villes, les paffages de rivieres, la rapidité des victoires de ce Conquerant, qui fe partage et fe multiplie en autant d'endroits qu'il a d'armées differentes, et qui parcourt les Provinces de fes ennemis avec tant de viteffe, qu'ils ne fçavent presque jamais où il eft, et qu'ils fçavent toujours qu'il vient de

vaincre.

Que ne puis-je exprimer comme vous feriez, ce que fon nom feul vient de faire fur nos frontieres! Les vaincus fembloient avoir repris courage, ils ofoient attaquer nos places, eux qui n'avoient ofé défendre les leurs. Le Roy part. Au feul bruit de la marche les affiegeans tremblent comme s'ils étoient affiegez euxmêmes. Ces deffeins fi infallibles et fi concertez, ces

fecours

fecours si puissans et fi invincibles fe diffipent avec eux, et il ne leur refte que la miferable confolation d'avoir montré, avec beaucoup de foibleffe, au moins un peu de temerité.

Mais j'éleve ma voix infenfiblement, et je fens qu'animé par vôtre prefence, par le fujet de mon dis cours, par la majesté de ce lieu, j'entreprens de dire foiblement ce que vous avez déja dit, ou que vous di rez avec tant de force. C'est à vous, Messieurs, à faire les couronnes du vainqueur: je ne puis que femer quelques fleurs fur la route, de fon triomphe. Ceft à vous à tirer ces traits hardis qui le reprefentent, et qui luy donnent fon air de grandeur; je ne puis que mêler de foibles couleurs, et faire d'une main tremblante quelques copies de ces parfaits originaux. Mais je ne fuis pas allez heureux pour foûtenir l'honneur que me fait aujourd'huy cette fçavante Compagnie, je puis dire que je fens en moy quelque chofe qui n'est pas indigne d'elle, une veneration profonde pour tous. ceux qui la compofent, et un zele trés-ardent pour la gloire du plus grand Roy du monde qui la protege.

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Jacques Saurin, reformirter Prediger im Haag, geb. zu Nimes, 1677, geft. 1730. Die fanfte, und doch eindringliche, erwärmende und überzeugende Beredsamkeit dieses edeln, würdi gen Mannes ist schwerlich von irgend einem andern protestantischen *_französischen Prediger übertroffen. Seine Predigten verrathen durchgehends ein von den Wahrheiten und Pflichten der Religion lebhaft durchdrungnes Gefühl, und das ernstlichste Verlangen, seine leberzeugungen in den Verstand, und seine Gesinnungen in das Herz seiner Zuhörer zu übertragen. Man weiß, daß dies Verlans gen nicht unerfüllt blieb, und daß z. B. seine Auffodrung zur Mils thdtigkeit in der Predigt über das Almosengeben den Erfolg hatte, daß viele Damen beim Weggehen einen Theil ihres Schmucks in die Becken legten. Hier ist der Schluß dieser Predist.

Détournéz un moment les yeux de votre profpérité, et fixez-les fur ces objets. Tout le monde fçait le nombre infini de pauvres que cet Etat entretient, tout le monde

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fçait

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