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Truble t.

Nicolas Charles Joseph de Trubler, Kanonikus zu St.Malo, ivo er 1697 geboren wurde, geft. 1770. Ungeachtet der vielen bitë tern Ausfälle wider diefen Schriftsteller, die Voltaire in seinent Pauvre Diable, und Palissot in der Dunciade fich erlaubten, has ben doch seine Essais de Morale et de Litérature fich in dem Beifall erhalten, den sie wegen so vieler darin befindlichen wahren, reifen und scharfsinnigen Bemerkungen, und wegen ihres geschmackvollen Style, verdienen. Was ihm vielleicht am meisten zur Laft fållt, ist eine gewisse Monotonie, und ein zu langes Verweilen bei den nåmlichen Gedanken und Gegenstånden, die er jedoch oft sehr glücklich von mehrern Seiten zu wenden und darzustellen weiß.

De l'humeur.

I.

Il est bien difficile d'être poli, du moins de l'ètre conftamment, quand on a de l'humeur. Elle rend impatient, brusque, chagrin, contredifant. On diffimile fa haine et fon mépris; on reprime fa colère; on cache fon mauvais coeur; on déguise fon orgueil: mais l'humeur eft presque indomptable. C'est souvent un dérangement de la machine, une vraie maladie pour la quelle il faudrait des remédes physiques, plutôt que des remédes moraux. Quand les mauvais momens font paffés, que le sang a repris son cours ordinaire, et que la machine eft remontée, on rougit, on gemit d' avoir été fi peu raisonnable, si aisé à piquer, fi différent de foi-même. On le promet bien d'être une autre fois plus fur les gardes. Le lendemain nouvel accès d'humeur, et mêmes travers.

II.

Eudoxe joint à beaucoup d'esprit et de savoir, le don de la parole dans le plus haut degré; mais c'est en

même

même temps l'homme du monde le plus contredifant. Ceux qui le connoillent peu, ou qui ne s'y connoiffent pas, le croient plein d'orgueil; il n'est que plein d'hu, meur. De là l'impolitesse la plus groffière, et quelque fois même l'extravagance la plus outrée. 11 ne parle

avec douceur et avec raison, que quand il parle le premier; car s'il parle le fecond, c'eft toujours pour con, tredire. Il n'eft jamais de l'avis de perfonne, et ne veut pas même qu'on foit du fien.. Il abandonne et combat l'opinion qu'il vient de foutenir, auffitôt que quelqu'un l'adopte. Il n'y a donc de fûreté qu'à ne lui répondre abfolument rien. Il eft vrai qu' alors il se tait, et qu'on eft bientôt privé du plaifir de l'entendre, parce qu'il n'en trouve lui-même à parler, qu'autant qu'il contredit et qu'il difpute.

La Bruyere remarque (Chapitre des Jugemens) qu'on eft exposé à dire en moins d'une heure le oui et le non fur une même chofe, ou fur une même perfonne, déterminé feulement par un efprit de fociété et de commerce qui entraîne naturellement à ne pas contredire celui-ci et celui-là qui en parlent différemment. Mais l'efprit de contradiction expose peut-être encore plus que l'efprit de complaisance, à ces variations presque foudaines, quoique par une raison tout oppofée; et c'est un des cas où le même effet refulte de deux caufes contraires. Le contredifant fe contredit lui même, pour contredire les autres, comme le complaifant fe contredit pour ne les pas contredire.

III.

Il y a une vivacité d'efprit, et une vivacité d'hu-
On peut avoir l'efprit très-vif, et l'humeur très

meur.

douce.

L'égalité de l'humeur confifte à recevoir toujours des mêmes objects à peu-près la même impression.

L'iné.

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L'inégalité de l'humeur vient en grande partie, comme je l'ai dit, de celle de la fanté. Toute altération dans la fanté n'altére pas l'humeur; mais l'inégalité ha bituelle de l'humeur fuppofe quelque dérangement dans la fanté, un vice dans le temperament.

Dans quelques uns l'humeur eft naturelle; ils en ont toujours eu, et même dès leur enfance. Dans les autres elle eft furvenue; elle eft l'effet de quelque cause phyfique ou morale, fouvent de l'age feul.

Le moral influe fur l'humeur auffi bien que la phyfique, en changeant plus ou moins le physique même, foit paffagérement, foit quelque fois pour toujours.

Par moral j'entends ici tout fujet de fatisfaction ou de peine, et généralement tout ce qui affecte directement et immédiatement l'ame en bien ou mal. Ainfi c'est par une cause morale qu'on a de l'humeur dans fon domeftique, ou avec les perfonnes qu'on connoît depuis long-tems, et qu'on n'en a point hors de chez foi, ou du moins avec les nouvelles connoiffances. Tout ce qui jette dans la langueur et dans l'ennui donne de l'humeur.

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Rien n'en donne plus encore que tout ce qui contraint, les occupations forcées et de commande fussent elles agréables par elles mêmes; les vifites qui deplaî fent, la néceffité de ménager des gens qu'on n'aime pas, de diffimulér ce qu'on pense et ce qu'on fent, la privation des choses qu'on aime etc.

Le chagrin altére la santé; et l'altération de la fanté saufe du chagrin physiquement et moralement.

IV.

Les auteurs dont la fanté eft foible, valent ordi-> nairement mieux dans leurs ouvrages que dans la converLation, ou du moins y font plus égaux et plus foutenus.»

Ils n'ecrivent que dans leurs bons momens; mais ils parlent fouvent, ou dans des tems d'épuifement et de foibleffe dans les quels ils n'ont point de vivacité, et par conféquent point de brillant, ou dans des tems de mélancolie et d'humeur,, où ils n'ont point de juftesse.

Les gens d'humeur parlent ordinairement avec plus de force et d'éloquence qu'ils n'écrivent, et ils ecrivent avec plus de juftelle et de verité qu'ils ne parlent.

ง.

On fait des réflexions bien différentes fur les mêmes chofes, on les fent et on les voit bien différemment, felon qu'on eft trifte, ou gai, de bonne u de mauvaise humeur. Quand les voit-on comme elles font? il y a un jugement fou qui blanchit tout, comme une mélancolie folle qui noircit tout.

Quelqu' un disoit à feu Mr. l'Abbé de Mongault, que c'étoient les vapeurs qui lui faifoient voir tout en noir. Les vapeurs, répondit-il, font donc voir les chofes comme elles font. Un vaporeux pouvait-il mieux Le peindre que par un pareil trait?

Il faut bien de l'efprit pour ne voir pas toujours les chofes comme on les fent.

Un homme d'humeur difoit: Quand je fuis malade je fuis Héraclite et Timon; quand je me porte bien, je fuis Déinocrite et Ariftipe.

VI.

Tout ce qu'on dit, tout ce qu'on fait, paroît toujours à N. ou bêtise, ou folie, ou coquinerie. C'est qu'il eft homme d'humeur.

La marque caracteriftique de l'humeur, c'eft de trouver toujours à redire, même avec raison, à tout ce que difent et font les autres.

VII.

On feroit quelque fois tenté de dire à un homme d'humeur qu'il eft bien heureux qu'on s'apperçoive qu'il eft dans un des accès de fon mal, fans quoi on le croiroit ou bien fot, ou bien fou, ou bien méchant.

On a dit que tout avoit fes jours, l'esprit, le courage, la fagelle même; et qu'il n'y avoit que le coeur qui fût toujours bon, quand il étoit bon. L'humeur em

Le

pèche que cette derniere exception ne foit vraie. coeur même a fes jours dans les meilleures gens, quand ils font gens d'humeur.

Je me rencontre dans une compagnie avec Acaste, que je ne connoiffois point auparavant. Je lui entends dire beaucoup de mal de Cléon, que je ne connois point non plus; et fur cela je ne fais que penfer de ces deux hommes. On me dit ensuite beaucoup de bien de l'un et de l'autre; mais on m'ajoûte fur Acafte, qu'il eft fujet aux plus violens accès d'humeur, et que le jour que je l'ai vu il étoit précisement dans un de ces accès. Je vois alors avec le plus fenfible plaifir, qu' Acafte, ni Cléon, ne font pas tels que je l'avois craint.

A force de contredire un contredi fant homme d'humeur on peut l'amener, quoiqu' honnête homme, à foutenir comme fiennes, les maximes les plus contraires à la probité, à confeiller une mauvaise action, et à dire qu'il la feroit lui-même, s'il étoit dans le cas de la faire.

VIII.

les gens d'humeur.

bon fens que l'efprit.

Le bon fens et la raifon font fort journaliers dans
L'humeur attaque encore plus le
Elle rend plutôt fou que fot.

Les gens d'humeur font allez communement gens d'efprit; tant pis pour les autres et pour eux-mêmes.

Leur

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