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en hafardent fouvent: Malheur à qui leur préfente inconfidérément une antithefe brillante à faire..

Il y a deux espèces d'hommes avec lesquels il ne faut avoir rien de commun, les méchants et les fots. Avec les méchants, cela dépend un peu de nous; avec les fots, cela n'en dépend pas. A la manière dont on juge des choses dans le monde,. on diroit que c'est tout le contraire. On rougit plus d'une fotife, que d'une méchanceté; et peut-être a-t-on raison. Les fots font / fots fans resource. Les méchants peuvent devenir

bons.

Le déguisement n'eft plus guéres d'ufage. Toutle monde a de la fineffe. Il n'est point de mauvais procé dés qui n'aient été pratiqués; pour des bons, il en refte encore à avoir; mais on n'y penfe pas, et les occafions passent. On imite le bien; mais on ne se propose pas de le furpaffer. C'est encore une différence du bien et du mal, et c'est par cette raison que nous ne valons pas mieux que nos peres, et que nos peres ne valoient pas mieux que nos ayeux. C'est un préjugé de croire qu'il y ait aujourd'hui des qualités qui n'étoient pas de tout tems. L'efprit et la fotise font de ce fiècle et des fié cles paffés; on a feulement épuré le goût et corrompu

les moeurs.

La reputation dépend du jugement des autres. C'est une raison pour refter ignoré, quand le mérite n'eft pas éminent. Se propofer de plaire à tous est un projet extravagant, puis qu'il n'eft pas poffible.

Etre obligé de tenir vis-à-vis d'une perfonne fans efprit; quel fupplice! par où l'attaquer? Tout lui est étranger, elle ignore tout, et l'on ne peut lui rien ap prendre. Mais heureusement si un homme d'esprit est mal à fon aife avec un fot, un fot n'eft pas mieux avec un homme d'efprit; auffi je m' apperçois que dans la fociété, fans le befoin qu'on a de voir quelques gens

élevés

élevés en dignité, et de fouffrir fes proches, les fots feroient tous d'un côté, et tous les gens de bon fens de l'autre.

Les plus belles pensées vieilliffent; il n'en eft pas de même des belles actions, elles font toujours nouvelles.

La meilleure chofe répetée plufieurs fois devient fatigante. Je vois avec plaifir deux fois le même Opéra, à la troisième il me laffe. Tout ce qui eft deftiné à récréer les fens, doit être extrêmement varié. Il n'en eft pas de mème de l'ame; quand elle eft fatisfaite d'un objet, elle s'en occupe long-tems. Cette jouillance ne

rebute point.

Il faut double efprit pour vivre avec ceux qui n'en ont pas. Rien ne dédommage des fotifes des autres ; mais il y a du plaifir ou de l'intérêt à celles que l'on fait.

Quand une entreprise eft difficile à l'excès, il faut l'abandonner au hazard: on la fait manquer en travaillant à la faire réuffir. C'est dans ces occafions qu'il faut plus compter fur fon bonheur que fur la prudence. II y a des gens qui ne veulent rien, à qui l'on offre tout; et d'autres qui courent après tout, et qui n'ont jamais rien. Comment cela ce fait-il! par une combinaison des vertus ou des défauts de corps et d'efprit qu'on a; et des défauts de corps et d'efprit de ceux à qui l'on a à faire.

C'est une grande folie de prétendre que tout aille à fa fantaisie: et que m'importe à moi que celui-ci veuille avoir de l'efprit aux dépens des autres! que celle-la foit la Peruche de tous les hommes qui vont chez elle? cela ne fait rien à mon bonheur. Il faut s'amufer des ridicules, les cenfurer fans amertume, et tâcher furtout de les éviter, C'eft doubler fon ridicule, que d'en rire dans les autres.

Le meilleur ufage d'une grande fortune, ce feroit d'en faire part au mérite indigent; mais il faudroit n'accepter ni vers, ni dédicace. Ce n'eft plus l'homme que l'on loue, c'eft cent piftoles de rente que l'on acquitte.

Le vrai moyen de vivre sans inquiétude et de mourir fans regret, c'eft de regler toutes les actions de fa vie fur l'équité et la droite intention, Les regrets ne viennent point fans mécontentement, et le mécontement de foi fuppofe des folies. Pour des fcrupules, les gens d'efprit n'en ont point. Car qu'eft-ce qu'un fcrupule? finon la mémoire de quelqu'action équivoque, fur la quelle on n'eft pas en état de prononcer par foi même. Les fcrupules des gens du monde font une affectation de probité, et ceux des gens dévots, les va peurs de la dévotion.

Duclos,

Duclö 8.

Charles Dineau de Duclos, Historiograph von Frankreich, und beständiger Eekretår der französischen Akademie, geb. zu Dis nant in Bretagne, 1705, geft. ¡u Paris, 1772. Mehr noch, als feine bekannten historischen Werke und Memsiren schatt man seine Confiderations fur les Moeurs de ce Siecle, wegen der darin herrschens den genauen Menschenkenntniß, wegen ihrer treffenden und feinen Zeichnung und Schreibart, obgleich dieser lettern mehr Anmuth und Geschmeidigkeit zu wünschen wåre. Denn in seiner ganzen Manier ist eine gewisse Einförmigkeit und Trockenheit auffallend, von der sich beim la Bruyere keine Spur findet. Man wird indeß dafür durch eine Menge lehrreicher Winke schadlos gehalten.

Sur le Ridicule, la Singularité et l'Affectation.

Le ridicule ressemble à ces fantômes qui n'exiftent que pour ceux qui y croient. Plus un mot abstrait est en usage, moins l'idée en eft fixe, parce que chacun l'étend, la restraint ou la change; et l'on ne s'apperçoit de la différence des principes, que par celle des conféquences, ou par les différentes applications qu'on en fait. Si l'on vouloit définir les mots que l'on comprend le moins il faudroit définir ceux, dont on fe fert le plus.

Le ridicule confifte à choquer les ufages ou les opinions reçues, et communément on les confond assez avec la raison; cependant ce qui eft contre la raison est fottife ou folie; fi c'est contre l'équité, c'est crime.

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Le ridicule ne doit donc avoir lieu que dans les choses indifferentes par elles-mèmes, et confacrées par la mode. Les habits, le langage, les manières, le maintien voilà fon reffort, voici fon ufurpation; il l'étend jusque fur la vertu et c'est le moyen que l'envie employé le plus furement pour en ternir l'éclat. Le ridicule eft fuperieur à la calomnie qui peut se detruire en retombant fur fon auteur. La malignité éclairée ne 3 s'en fie

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s'en fie pas même à la difformité du vice; elle lui fait l'honneur de le traiter comme la vertu, en lui affociant. le ridicule pour le décrier; il devient par-lä moins odieux et plus méprifé. Le ridicule eft devenu le poifon de la vertu et des talens et quelquefois le châtiment du vice.

Le ridicule eft le fléau des gens du monde, et il eft affez jufte qu'ils ayent pour tyran un être fantastiOn facrifie fa vie à fon honneur, fouvent fon que. honneur à la fortune, et quelquefois la fortune à la crainte du ridicule.

que

Je ne fuis pas étonné qu'on ait quelque attention à ne pas s'y exposer, puisqu'il eft d'une fi grande importance dans l'efprit de plufieurs de ceux avec qui l'on eft obligé de vivre. Mais on ne doit pas excufer l'extrême fenfibilité des hommes raisonnables ont fur cet article. Cette crainte exceffive a fait naître des effaims de petit's donneurs de ridicules, qui decident de ceux qui font en vogue, comme les Marchands de Modes fixent cellés, qui doivent avoir cours. S'ils ne s'étoient pas emparé de l'emploie de distribuer les ridicules, ils en feroient accablés; ils reffemblent à ces criminels qui fe font exécuteurs pour fauver leur vie.

La plus grande fottife de ces êtres frivoles, et celle dont ils le doutent le moins, eft de s'imaginer, que leur empire est universel: s'ils favoient combien il est borné, la honte les y feroit renoncer. Le peuple n'en connoît pas le nom, et c'est tout ce que la Bourgeoifie en fait. Parmi les gens du monde, ceux qui font occupés ne font frappés que par diftraction de ce petit peu. ple incommode: ceux mêmes qui en ont été, et que la raifon ou l'àge en ont féparés, s'en fouviennent à pei ne; et les hommes illuftres feroient trop élevés pour l'appercevoir, s'ils ne daignoient pas quelquefois s'en

amufer.

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