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Richem. Grand Dieu du Ciel, dis Amen à ces paroles! Mais avant tout, dites-moi, le jeune George Stanley est-il vivant? Stan. Oui, mylord, et en sûreté dans la ville de Leicester, où, si vous le voulez, nous pouvons nous retirer à présent. Richem. Quels hommes de nom ont péri des deux côtés ? Stan. John, duc de Norfolk; Walter, lord Ferrers; sir Robert Brakenbury, et sir William Brandon.

Richem. - Qu'on ensevelisse leurs restes comme il convient à leur naissance. Qu'on proclame une amnistie pour les soldats fugitifs, qui viendront se soumettre à nous; ensuite, comme nous en avons fait le serment, nous réunirons la rose rouge à la rose blanche. Ciel! toi qu'ont si long-temps irrité leurs discordes, puisses-tu sourire à cette heureuse réunion! Y a-t-il ici un traître qui m'entende et ne dise pas Amen! Long-temps l'Angleterre en délire a déchiré son propre sein: le frère aveuglé a versé le sang de son frère; le père impitoyable a massacré son propre fils; le fils était forcé de devenir le bourreau de son propre père; tous divisés par les cruelles dissensions d'York et de Lancastre. Maintenant, que Richemond et Elisabeth, les légitimes héritiers des deux royales branches, s'unissent ensemble par la volonté du Seigneur, et que leurs successeurs, si tu le permets, ô Dieu clément, puissent enrichir les temps à venir de la paix au doux visage, de la riante abondance et des beaux jours de la prospérité! Fais tomber l'épée des traîtres qui voudraient ramener encore ces jours de meurtre, et faire verser à la malheureuse Angleterre des larmes de sang! Ne permets point à ceux qui voudraient, par la trahison, troubler la paix de ce pays, de vivre pour jouir du bonheur de notre belle patrie! Les blessures des guerres civiles sont fermées maintenant, et la paix renaît enfin. Puisse-t-elle durer long-temps! O Dieu, exauce mon vœu!

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NOTES ET IMITATIONS.

NOTES.

Page 52, vers 25.

Gentle villain. Quelques traducteurs ont pris

ce mot dans son acception ordinaire, mais en lui donnant un sens ironique.

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P. 56, vers 30. Bottled spider, araignée qui, par sa forme, ressemble aux bouteilles dont on faisait usage à cette époque.

P. 76, vers 30. - Clarence ne périt point de cette manière, ni par le fait seul du duc de Glocester, mais de concert avec le roi, qui, aigri par Richard et par la reine, et d'ailleurs toujours disposé à se méfier de Clarence, le fit condamner à mort par la chambre des pairs, instrument servile, à cette époque, des actes de tyrannie les plus odieux envers les particuliers, en même temps qu'elle était presque intraitable sur les subsides. Clarence fut condamné pour de simples propos qu'on avait eu soin de provoquer. (Note de M. Guizot.)

P. 100, vers 16.- Pitchers have ears. Les écuelles ont des oreilles. Le proverbe anglais est : Les petites écuelles ont de grandes oreilles. P. 126, vers 4. — La demande des fraises est historique. Glocester se servit de ce prétexte pour éloigner l'évêque d'Ely.

P. 128, vers 7. Jeanne Shore avait été maîtresse d'Edouard, et, à ce qu'il paraît, de lord Hastings. Elle fut comprise dans l'accusation intentée contre lui après sa mort, et subit une pénitence publique. Elle mourut dans la misère, abandonnée de tous ceux qu'elle avait servis. (Note du même.)

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P. 142, vers 9.Ces deux évêques étaient le docteur Shaw, frère du lord maire, et Penker, provincial des Augustins. Shakspeare, né de

parents catholiques, et, selon toute probabilité, catholique lui-même, fait rarement allusion au clergé de ce culte dans la crainte de heurter les opinions fanatiques des sanguinaires reformistes de son temps. S'il lui arrive quelquefois de faire intervenir dans ses drames des ministres de l'autel, c'est uniquement pour se conformer à la vérité historique; mais jamais il ne s'écarte du respect dû à leur caractère.

P. 146, vers 24.—Bigamy. Le mot bigamie ne doit pas être pris dans le sens que nous lui donnons aujourd'hui. Un canon du concile de Lyon, qui porte la date de 1274, et qui fut converti en loi du royaume, par la quatrième ordonnance d'Edouard Ier, déclarait la bigamie un acte odieux et infame. Elle différait de la polygamie, en ce qu'il était défendu d'épouser deux vierges successivement, ou simplement une veuve.

P. 158, vers 36. — The boy is foolish. Il ne devint imbécile qu'à la suite d'une longue réclusion qu'il subit d'abord sous Richard, puis sous Henri VII, et durant laquelle son éducation fut entièrement négligée. Henri VII le fit assassiner. La fille fut mariée à Richard Pole, et décapitée à la Tour à l'âge de soixante-dix ans par ordre de Henri VIII, sans forme de procès et sans autre crime que ses droits à la couronne. (Note de M. Guizot.)

P. 176, vers 9. — Faith none but Humphrey hour. L'heure d'humphroy, était une expression proverbiale, qui signifiait l'heure où l'on avait faim. Malone est d'avis qu'il ne faut entendre par là qu'un de ces jeux de mots si communs dans les ouvrages de Shakspeare.

P. 178, vers 18. Cousins indeed, and by their uncle cozened. Jeu de mots, intraduisible, entre cozen'd filouter, et cosins, cousins. P. 204, vers 37. —- Par watch, il faut entendre ici une lumière, et non une horloge de nuit.

P. 218, vers 16. Quelques traducteurs ont pensé que dewy tears signifiait ici la sueur dont le corps de Richard était couvert après l'agitation d'un rêve terrible, et ils ont, en conséquence, traduit dewy tears par gouttes de rosée. Nous croyons que c'est une erreur, d'autant plus qu'un assez long intervalle de temps sépare la scène du rêve, de celle où cette expression métaphorique est employée. La version que nous avons adoptée, nous parait donc plus naturelle; elle se rapproche d'avantage du sens de la phrase qui précède, et s'y lie beaucoup mieux.

IMITATIONS.

La tragédie de Richard III doit une partie du succès immense qu'elle a constamment obtenu sur la scène anglaise, au beau talent de Garrick, de Kemble et de Kean, ainsi qu'aux judicieux changements faits par Colly Cibber, changements qui sont du plus grand effet théâtral. Cette tragédie, remplie de situations fortes, attachantes, pleines de vérité et d'intérêt, offre d'innombrables ressources à l'acteur capable d'en comprendre les sublimes beautés. Mais pour les rendre convenablement, l'art seul ne suffit point: il faut du génie. Le rôle de Richard, surtout, exige un jeu de physionomie admirable, un tact parfait, une étude approfondie du cœur humain. Aussi ce rôle était-il un de ceux où John Kemble excellait. Talma, son élève et son ami, désirait depuis long-temps que ce rôle, si beau de conception et de profondeur, pût être transplanté sur la scène française. Ses désirs ne tardèrent pas à être réalisés. M. Lemercier, que ses succès dramatiques ont placé si haut dans l'estime publique, voulant offrir l'essai d'une composition conforme au génie anglais, conçut le plan de la tragédie de Richard III et de Jeanne Shore, dont les principales scènes sont empruntées à Shakspeare et à Rowe. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en rapportant ici quelques-uns des plus beaux passages de ce drame. Ce sera, d'ailleurs, un nouvel hommage rendu à la mémoire du Roscius français que l'art dramatique regrette, et doit à jamais regretter.

M. Lemercier, dans une préface qu'il a mise en tête de Richard III, s'exprime de la manière suivante, en parlant de Talma qui fut son ami : « Il faut que je révèle ici combien son application studieuse le rend >> précieux aux amis qu'il éclaire et qu'il sait interpréter. Nos consultations » réciproques ont souvent duré quatre heures entières, et quelquefois >> le tour entier du cadran. Les inflexions de voix et les projets d'attitudes >> ne lui coûtaient pas plus à changer qu'il ne m'en coûtait de changer » des vers dans mon ouvrage, pour leur donner plus de justesse, ou » pour lui procurer les facilités de les dire théâtralement. Nous avons » ri parfois ensemble de la double grimace que font certains auteurs » et certains acteurs, quand on les force à renoncer, les uns à leurs » beaux gestes d'habitude, les autres, à leurs belles tirades rimées.»

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