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la nature. Lord Stanley vient dire à Richard: « Richmond est sur les mers.

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Richard. Qu'il y coule à fond, et que les mers roulent sur lui! Ce lâche vagabond, que prétend-il ici? »

Cette repartie est empreinte d'ironie et d'invectives. Il y a pour cela deux causes dans la nature et dans le caractère du personnage. D'abord Richard était déjà informé de cette nouvelle ; sa passion n'était pas prise au dépourvu, et il était bien aise de jouer sur les mots de Stanley: on the seas: sur les mers, et de retorquer par : be the seas on him : que les mers roulent sur lui. En second lieu, Stanley était un sujet suspect. Richard était donc intéressé à montrer du mépris pour son compétiteur devant un homme d'une fidélité douteuse. C'est sous l'influence de cette impression que Richard presse Stanley de répondre à cette question: what doth he here? que prétend-il ici? Stanley essaie une réponse évasive en disant : he knows not but by guess : qu'il ne fait que le conjecturer. Cette réponse ne faisant que fortifier les soupçons de Richard, il le presse encore de lui dire ce qu'il conjecture well, as you guess: eh bien, que conjecturez-vous? Stanley répond il vient en Angleterre, pour y réclamer la

Couronne.

Richard. Est-ce que le tròne est vacant? est-ce que l'épée royale n'est pas portée ? le roi est-il mort? l'empire est-il sans possesseur? est-ce qu'il y a d'autre héritier d'York que nous ? et qui est roi d'Angleterre que l'héritier du grand York? dites-moi donc alors ce qu'il fait sur la mer?

Quelle réunion de traits excellents et caractéristiques? Toutes ces questions sont ad hominem. Elles s'adressent toutes à Stanley. Elles ne peuvent sortir que de la bouche de Richard; elles ne peuvent avoir été imaginées que par le poète de la nature. Le langage ne suffit pas aux nouvelles expressions d'admiration que provoquerait une plus attentive investigation de toute cette belle scène de Stanley. D'autres messagers succèdent à Stanley. La cruelle impatience de Richard n'attend pas qu'ils s'expliquent, et croyant que leurs nouvelles sont toutes funestes, il frappe un des courriers qui vient lui apprendre la dispersion de l'armée de Buckingham. A cette bonne nouvelle, Richard se rétracte. «< Oh! dit-il, je te demande pardon; tiens, voilà ma bourse pour guérir ta blessure. » C'est un autre trait du même genre que bon Catesby.

Les batailles appartiennent à la tragédie moderne, et sans nous inquiéter de chercher si Shakspeare est ou non l'inventeur de cette innovation hardie et d'un si grand effet, nous pouvons affirmer qu'il n'a pas de rival dans ce genre. Sa bataille de Bosworth-field est un morceau de maître.

Aussitôt que Richard est retiré dans sa tente, le poète commence à mettre en œuvre la grande machine morale des esprits. Les petites choses ne sont point faites pour Shakspeare. Les difficultés qui auraient embarrassé l'esprit de tout autre poète, et qui auraient inévitablement jeté du ridicule sur la scène ne l'ont point exposé à ce danger. Il fait paraître une suite d'ombres, et il les fait parler chacune sans crainte des suites qu'aura cette apparition. Richard se lève en sursaut de sa couche, et avant qu'il soit revenu des terreurs de son songe, il s'écrie:

« Qu'on me donne un autre cheval! Bandez mes plaies! Jésus, ayez pitié de moi!... Mais, ce n'est qu'un songe... O läche conscience! etc. » Soliloque admirable et effrayant de vérité !

Il nous suffira de faire observer que, dans la catastrophe de Richard, rien ne peut avoir plus de chaleur, rien ne peut être plus brillant que la conduite du personnage principal. Il déploie le caractère d'un général accompli, dont l'ardeur et le courage paraissent cependant le trait dominant ; il s'acquitte de toutes les fonctions de sa charge avec une attention minutieuse; il s'enquiert si son armure n'a point éprouvé quelque altération; il indique même le cheval dont il a l'intention de se servir. Il est gai avec ses principaux officiers, il est même gracieux avec quelquesuns de ceux en qui il se confie. Sa bravoure est si brillante que l'orgueil anglais en est flatté; et dès lors, oubliant ses crimes, on est presque fier d'avoir eu un roi si valeureux.

(Le roi Richard s'adressant à ses officiers et à ses soldats. . ..) Ecoutez, j'entends leurs tambours! (Bruit de tambours au loin.)- Au combat, gentilshommes d'Angleterre ! au combat, brave milice! Archers, tirez, tirez vos flèches à la tête; éperonnez vigoureusement vos fiers coursiers, et nagez dans le sang. Effrayez le firmament des éclats de vos lances brisées. Mille cœurs grandissent dans ma poitrine. Nos étendards en avant sur l'ennemi! Que notre ancien cri de guerre, beau saint Georges! nous inspire la rage des dragons enflammės.— A l'ennemi!-La victoire planc sur nos panaches >>

Richemond est un de ces personnages consciencieux, qui ne sont guères propres à captiver le spectateur; Richard, tout chargé qu'il est de crimes, lui paraît supérieur, par comparaison, et l'on peut soupçonner que, pendant l'action, plus d'un auditeur fait des vœux pour lui et le voit mourir avec regret.

En un mot, Richard, comme nous l'avons fait observer ailleurs, tout dépourvu qu'il est de sentiments tendres, de toute sensibilité humaine, n'éprouvant ni pitié, ni amour, ni crainte, et chargé de vices dangereux et terribles, serait un personnage révoltant et intolérable, s'il n'avait pas des qualités d'esprit éminemment supérieures. Mais, quoique dominé par une ambition insatiable, un caractère envieux et hypocrite; quoique cruel, sanguinaire et sans remords, dans toutes ses actions, il n'en montre pas moins un courage si extraordinaire par son sang-froid et sa résolution, tant de vivacité et de gaieté d'esprit, tant d'adresse et de connaissance du cœur humain, et tant d'habileté pour la faire servir à ses vucs, qu'il vient à bout de triompher de notre horreur pour sa scélératesse, et qu'à la fin nous contemplons ce démon à forme humaine avec une sensation mêlée de curiosité et de terreur. En outre, la morale de cette pièce est grande et frappante. Richard, après avoir excité un sentiment général d'indignation et de vengeance, après avoir, à force de crimes, perdu toute idée d'obligation morale et toute prévoyance des dangers auxquels cette perte l'expose, devient à la fin victime de ses propres excès. Il ne tombe pas pourtant sans être visité par les terreurs de la conscience; car à l'approche du danger et de la mort, la punition due à ses crimes vient l'effrayer; les ombres de ses victimes lui annoncent l'affreuse sentence que la colère céleste lui rẻserve, et le remords, qui s'éveille dans son âme, fait palpiter son cœur sous le poids de l'éternelle torture qui l'attend.

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KING EDWARD THE FOURTH.

EDWARD, Prince of Wales, afterwards King

Edward V,

RICHARD, Duke of York,

GEORGE, Duke of Clarence,

RICHARD, Duke of Glocester, afterwards King

Richard III,

A YOUNG SON OF CLARENCE.

Sons to the King.

Brothers to the

King.

HENRY, Earl of Richmond, afterwards King Henry VII.
CARDINAL BOURCHIER, Archbishop of Canterbury,

THOMAS ROTHERAM, Archbishop of York.

JOHN MORTON, Bishop of Ely.

DUKE OF BUCKINGHAM.

DUKE OF NORFOLK.

EARL OF SURREY, his Son.

EARL RIVERS, Brother to King Edward's Queen.

MARQUIS OF DORSET and EARL GREY, her Sons.

EARL OF OXFORD.

LORD HASTINGS.

LORD STANLEY.

LORD LOVEL.

SIR THOMAS VAUGHAN.
SIR RICHARD RATCLIFF.

SIR WILLIAM CATESBY.

SIR JAMES TYRREL.

SIR JAMES BLOUNT.

SIR WALTER HERBERT.

SIR ROBERT BRAKENBURY, Lieutenant of the Tower.

CHRISTOPHER URSWICK, a Priest.

ANOTHER PRIEST.

LORD MAYOR OF LONDON.

SHERIFF OF WILTSHIRE.

ELIZABETH, Queen of King Edward IV.

MARGARET, Widow of King Henry VI.

DUCHESS OF YORK, Mother to King Edward IV, Clarence, and Glocester. LADY ANNE, Widow of Edward, Prince of Wales, Son to King Henry VI, afterwards married to the Duke of Glocester.

A YOUNG DAUGHTER OF CLARENCE.

LORDS, AND OTHER ATTENDANTS; TWO GENTLEMEN, A PURSUIVANT, SCRIVENER, CITIZENS, MURDERERS, MESSENGERS, GHOSTS, SOLDIERS, ETC.

SCENE, ENGLAND.

ÉDOUARD IV, roi d'Angleterre.

EDOUARD, Prince de Galles, ensuite Edouard V,
RICHARD, Duc d'York,

GEORGE, Duc de Clarence,

RICHARD, Duc de Glocester, ensuite Richard III,

UN JEUNE FILS DE CLARENCE.

HENRY, Comte de Richemond, ensuite Henry VII.

Fils du Roi

¦ Frères du Roi.

LE CARDINAL BOURCHIER, Archevêque de Cantorbery.
THOMAS ROTHERAM, Archevêque d'York.

JOHN MORTON, Évêque d'Ély.

LE DUC DE BUCKINGHAM.

LE DUC DE NORFOLK.

LE COMTE DE SURREY, fils du précédent.

LE COMTE RIVERS, frère de la Reine Élisabeth, femme d'Edouard. LE MARQUIS DE DORSET et LORD GREY, fils de la Reine.

LE COMTE D'OXFORD.

LORD HASTINGS.

LORD STANLEY.
LORD LOVEL.

SIR THOMAS VAUGHAN.

SIR RICHARD RATCLIFF.

SIR WILLIAM CATESBY.

SIR JAMES TYRREL.

SIR JAMES BLOUNT.

SIR WALTER HERBERT.

SIR ROBERT BRAKENBURY, Lieutenant de la Tour de Londres.

CHRISTOPHE URSWICK, Prêtre.

UN AUTRE PRÊTRE.

LE LORD MAIRE DE LONDRES.

LE SHERIF DE WILTSHIRE.

LA REINE ELISABETH, femme du Roi Edouard IV.

LA REINE MARGUERITE D'ANJOU, veuve du Roi Henry VI.

LA DUCHESSE D'YORK, mère du Roi Édouard IV, des Ducs de Clarence et de Glocester.

LADY ANNE, veuve d'Edouard, Prince de Galles, fils du Roi Henry VI, mariée ensuite au Duc de Glocester.

UNE JEUNE FILLE DU DUG DE CLARENCE.

PLUSIEURS LORDS ET AUTRES PERSONNES DE SUITE; UN POURSUIVANT, UN CLERC, CITOYENS, ASSASSINS, MESSAGERS, OMBRES, SOLDATS, ETC.

LA SCÈNE EST EN ANGLETERRE.

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