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la prépondérance. Dans tous les cas, l'élection doit être ratifiée l'administration municipale. J'observerai la même chose pour le choix d'un principal dans chaque collége, je l'attribuerais aux professeurs. En cas de partage, le tribunal du recteur déciderait.

Pour donner plus de consistance et plus de vie au Collége-Royal, j'y admettrais des pensionnaires, et ce seraient ceux qui, au sortir du collége, voudraient perfectionner leurs études par un travail de quelques années, et préféreraient l'emploi de ces années précieuses au dangereux empressement d'entrer à dix-sept ans dans le monde.

On demandera ce que je fais des professeurs que je supprime : rien n'est moins difficile. Ceux de cinquième, quatrième, troisième et seconde, se trouvent naturellement placés dans mes quatre classes d'humanités. A l'égard de ceux de sixième et de septième (ceux-ci ne sont pas même professeurs, ce sont des maîtres d'écoles payés par les écoliers), les premiers auraient la pension d'émérite, qui équivaut aujourd'hui à peu près aux honoraires, et pourraient d'ailleurs, comme les agrégés, se présenter au concours pour la première et la seconde des humanités. Les maîtres de septième pourraient être placés dans les premières écoles.

Si l'on supprimait des professeurs du CollégeRoyal, suivant les vues que j'indique, il serait

juste de leur laisser leur traitement pendant toute leur vie. C'est un objet de peu de conséquence pour l'État, important pour ceux qui l'ont acquis par de longs travaux, et de cette manière personne n'aurait à se plaindre.

Le professeur d'éloquence française au Collége-Royal serait au choix du conseil-général de l'administration municipale; il doit être dicté par la voix publique. Elle pourrait aussi prendre les maîtres des premières écoles parmi les plus instruits et les mieux famés des maîtres-ès-arts. Les autres, qu'il serait d'autant plus dur de soumettre à un nouvel examen, qu'aucune loi ne doit avoir d'effet rétroactif, seraient admis comme agrégés au concours pour la première des huma

nités.

Je regarde comme un point capital, que nul n'ait le droit d'ouvrir une maison d'éducation publique, hors celles qui seront légalement autorisées, sous le titre générique d'écoles municipales. Il ne doit pas plus être permis de se porter pour instituteur public sans titre et sans examen, que d'avoir une boutique d'apothicaire san avoir prouvé que l'on connaissait les drogues, sans quoi les individus courraient risque d'être empoisonnés au moral comme au physique. Quant à ceux qui ne voudraient pas subir d'examen, ou qui n'auraient pas été admis, il leur restera toujours la ressource des leçons particulières que donnent dans les

maisons ceux qui enseignent à lire, à écrire, les mathématiques, la géographie, les langues, etc. Chacun est maître de choisir, chez soi, à ses risques et fortunes, le précepteur qu'il veut donner à ses enfans: il n'en est pas de même d'un établissement public.

Je laisserais subsister le pensionnat dans les colléges, mais seulement en chambre commune : ce qu'on appelle chambres particulières n'y doit pas étre souffert. Ceux qui ne voudraient pas mettre leurs enfans en chambre commune, peuvent leur donner chez eux des instituteurs particuliers, et les envoyer en classe au collége.

Les chambres communes ont sans doute des inconvéniens pour les mœurs, mais aussi elles ont de grands avantages; et, quant aux abus qu'il faut prévenir, c'est au corps municipal à rédiger dans sa sagesse un plan général d'administration intérieure pour toutes les maisons d'éducation soumises à sa surveillance. L'office des visiteurs-généraux serait de voir si l'on s'y conforme exactement; et si les principaux s'apercevaient, dans la pratique, d'un vice réel, ou d'un mieux possible, ce serait à eux à le proposer au tribunal du recteur, qui en référerait à la municipalité.

Chaque principal doit disposer chez lui des places de maîtres de chambres communes, et de celles d'administration domestique. Son droit et son intérêt s'y trouvent réunis de manière à faire

présumer de bons choix. Il ne doit d'ailleurs avoir aucune autorité sur les professeurs, si ce n'est celle de faire observer les statuts généraux, et d'en déférer la violation au tribunal.

Je rappellerais les prix de l'Université à leur institution primitive. On sait que, dans l'origine, on n'était admis à y concourir que depuis la troisième jusqu'à la rhétorique; les basses classes furent ensuite appelées à ce concours. C'est ignorer la proportion naturelle des choses. Il est ridicule de couronner avec tant d'appareil quelques constructions latines. Il faut sans doute de l'émulation dans tous les grades; mais les prix des colléges suffisent aux classes inférieures, et l'espoir d'être un jour choisi dans les supérieures pour composer à l'Université, est un motif assez fort d'encouragement au travail. Pour relever les récompenses et les distinctions, il convient, à tout âge et en toute chose, de les classer et de les mesurer. Dans le nouveau plan, les prix de l'Université seraient réservés pour la dernière' des humanités, la rhétorique et la grande classe d'éloquence française. Les prix de celle-ci seraientdonnés par le maire de Paris, et le premier serait celui d'éloquence délibérative. La distribution en serait promulguée en français. Les autres, proclamés en latin, seraient distribués par le recteur.

J'ai lu chez quelqu'un de ces nouveaux mora-listes, de ces singes de Rousseau, qui s'imaginent

atteindre à sa réputation et à son éloquence en courant comme lui après les paradoxes, qu'il n'y avait rien de si dangereux que ces distributions de prix; qu'elles ne sont bonnes qu'à donner de l'amour-propre aux enfans, qu'à les accoutumer à vouloir être les premiers, etc. Voilà de plaisans maîtres de morale! Que penser de gens qui en sont encore à ignorer ce que tout le monde sait, qu'il faut un mobile à l'homme, et surtout dans le premier âge, pour lui faire aimer le travail et fuir la dissipation? Et ce mobile peut-il être autre chose 'que l'amour-propre bien dirigé? Ces sublimes rigorist s voudraient-ils par hasard l'anéantir dans l'homme? Ce projet serait une belle conception! et par où donc voudraient-ils mener les hommes? par le beau idéal, le tò xxλóv de Platon? Quelles rêveries! ils voudraient être les premiers. Le grand mal de vouloir faire mieux qu· les autres! Celui qui ne le veut pas est un pauvre homme; et celui qui feint de ne le pas vouloir est un hypocrite. Mais il vaut mieux être le premier en sagesse et en vertu. Qui en doute? L'un empêche-t-il l'autre? En ce cas, proscrivez donc les talens, car l'usage peut en être indifféremment bon ou mauvais; et il en est de même de tout ce qui appartient à l'humanité. Qui doute qu'une bonne éducation ne doive enseigner que les talens ne sont estimables que lorsqu'on les emploie au bien de ses semblables? Mais avant d'avoir à faire

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