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la face de la nature; car il est impossible de goûter de la satisfaction dans la jouissance d'une chose qu'on craint de perdre à chaque instant.

Il ne faut pas croire, d'après ce que je viens de dire, que je blâme ceux qui prennent un soin légitime de leur santé. Bien loin de là: comme la gaieté de l'esprit et la vigilance dans les affaires dépendent, en grande partie, de la bonne constitution, on ne sauroit se donner trop de peine pour la former et l'entretenir. Mais ce soin, auquel le sens commun, le devoir et l'instinct nous engagent, ne doit jamais nous faire tomber dans des craintes chimériques, des accès de mélancolie, ni des maux imaginaires, qui accompagnent toujours celui qui se met plus en peine de vivre que de la manière de vivre. En un mot, la conduite de la vie doit être le but principal, et sa conservation ne doit être que l'accessoire. Si telle est notre maxime inébranlable, nous prendrons le meilleur moyen de nous conserver la vie, saus trop nous inquiéter de l'événement; et nous arriverons à ce point de félicité que Martial appelle le bonheur parfait, et qui consiste à attendre la mort sans la souhaiter ni la craindre.

Quant à ce valétudinaire, qui gouverne sa santé par onces et par scrupules, et qui, au lieu de suivre le désir naturel de manger ou de boire, de dormir ou de se promener, se règle sur les ordonnances de sa chaise, je lui répondrai par

I shall tell him a short fable. Jupiter, says the mythologist, to reward the piety of a certain countryman, promised to give him whatever he would ask. The countryman desired that he might have the management of the weather in his own estate. He obtained his request, and immediately distributed rain, snow, and sunshine among his several fields, as he thought the nature of the soil required. At the end of the year, when he expected to see a more than ordinary crop, his harvest fell infinitely short of that of his neighbours. Upon which (says the fable) he desired Jupiter to take the weather again into his own hands, or that otherwise he should utterly ruin himself.

ADDISON.

The accomplishments of the mind and heart are to be preferred to those of the person.

A FRIEND of mine has two daughters, whom I will call Lætitia and Daphne; the former is one of the greatest beauties of the age in which she lives, the latter no way remarkable for any charms in her person. Upon this one circumstance of their outward form, the good and ill of their life seems to turn. Lætitia has not, from her very childhood, heard any thing else but commendations of her features and complexion, by which means she is

cette petite fable. Jupiter pour récompenser la piété d'un certain paysan, promit de lui accorder tout ce qu'il lui demanderoit. Le paysan souhaita d'avoir le temps à sa disposition. Son souhait fut exaucé, et aussitôt il distribua la pluie, la neige et le beau temps sur ses terres, suivant que la nature de chacune lui sembloit l'exiger. Mais à la fin de l'année, lorsqu'il s'attendoit à recueillir une abondante moisson, il la trouva fort audessous de celle de ses voisins; alors il supplia Jupiter de vouloir reprendre la conduite du monde, car autrement il se seroit entièrement ruiné.

ADDISON.

Les avantages de l'esprit et du cœur sont préférables à ceux du corps.

UN de mes amis a deux filles, que j'appellerai Lætitia et Daphné. La première est une des plus grandes beautés de ce siècle, et l'autre n'a point de charmes qui la fassent remarquer. C'est de cette seule circonstance extérieure que le bonheur et le malheur de leur vie semblent dépendre. Lætitia, qui, dès sa plus tendre enfance, n'a jamais entendu que des éloges de ses traits et de son teint, est demeurée telle que la nature l'a faite, c'est-à

no other than nature made her, a very beautiful outside. The consciousness of her charms has rendered her insupportably vain and insolent towards all who have to do with her. Daphne, who was almost twenty before one civil thing had ever been said to her, found herself obliged to acquire some accomplishments to make up for the want of those attractions which she saw in her sister. Poor Daphne was seldom submitted to in a debate wherein she was concerned; her discourse had nothing to recommend it but the good sense of it, and she was always under a necessity to have very well considered what she was to say before she uttered it; while Lætitia was listened to with partiality, and approbation sat in the countenances of those she conversed with, before she communicated what she had to say. These causes have produced suitable effects, and Lætitia is as insipid a companion as Daphne is an agreeable one. Lætitia, confident of favour, has studied no arts to please; Daphne, despairing of any inclination towards her person, has depended only on her merit. Lætitia has always something in her air that is sullen, grave, and disconsolate. Daphne has a countenance that appears cheerful, open, and unconcerned. A young gentleman saw Lætitia this winter at a play, and became her captive. His fortune was such, that he wanted very little introduction to speak his sentiments to her father.

dire, un très-bel objet pour les yeux. Convaincue de ses charmes, elle est d'un orgueil et d'une insolence insupportables à tous ceux qui l'approchent. Daphné, qui avoit près de vingt ans avant qu'on lui eût fait la moindre civilité, se vit obligée d'acquérir des talens pour suppléer au défaut de ces attraits qu'elle voyoit dans sa sœur. La pauvre Daphné ne l'emportoit presque jamais dans les disputes où elle se trouvoit intéressée; ses paroles n'avoient rien qui les recommandât que le bon sens qui les dictoit, et elle étoit forcée de bien peser ce qu'elle avoit à dire avant d'ouvrir la bouche, tandis que Lætitia étoit toujours écoutée favorablement; on l'approuvoit, de la mine et du geste, avant qu'elle eût dit un seul mot. Ces différentes manières d'agir ont produit des effets proportionnés à leurs causes, et la conversation de Lætitia est aussi insipide que celle de Daphné est agréable. Lætitia, assurée de la faveur des autres, n'a point étudié l'art de plaire; Daphné, désespérant d'avoir le même avantage, n'a compté que sur son mérite. On voit toujours dans la figure de Lætitia quelque chose de grave, de sombre et de chagrin; Daphné, au contraire, a un air gai, ouvert et tranquille. L'hiver dernier, un jeune homme vit Lætitia à la comédie, et fut aussitôt son esclave. Sa fortune étoit telle, qu'il n'eut pas de peine à faire agréer ses sentimens au père de la belle. Il fut admis dans la maison avec toute la liberté

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